My name is Coco
Mai. 2013 \\ Par Christian Baudot

On avait laissé Simon Amar, alias Coco, au cinéma, en haut de l’affiche, dans le film du même nom de Gad Elmaleh. A l’évidence, la célébrité lui donne des ailes. Coco entre dans la chanson par la grande porte avec la sortie de son premier titre : «My name is Simon»..

Le revoilà ! L’exubérant Coco signe un retour en force dans sa ville natale chérie, Casablanca, avec la présence dans les bacs de la FNAC - merci Anissa  - d’un nouveau CD taillé sur mesure. Fidèle au soin qu’il applique à entretenir  le culte de sa sulfureuse personnalité, le chanteur a titré son œuvre sobrement My Name Is Simon, Amar pour l’état civil, fréro pour tous, Coco pour l’éternité. Voilà les présentations faites.
Un CD empreint de nostalgie sur une musique de Joseph Aknine et Alexandre Benguigui. Souvenirs de  jeunesse dans sa ville blanche, ses amis, le thé à la menthe, Place de Verdun, l’après-midi au cinéma Le Rialto qui se terminait chez Marco la Frite, les rigolades dans les lieux branchés de La Notte au Clapotis sans oublier Le Tangage où il s’appliquait déjà à « mettre le feu » sous-entendu la fête, que cela soit bien clair. Sa voix de baryton aromatisée à la nicotine, qui ne fait aucun doute sur le nombre de cigares partis en fumée au cours des longues nuits festives, valide les paroles déchirantes dont il est l’auteur.
La mélodie est douce comme des cornes de gazelles, Alexandre Benguigui riffe à la guitare, un délice pour les oreilles. Le clip, réalisé par Henri Hazout, immortalise les 20 ans d’une génération souriante et heureuse.  La pochette n’est pas en reste. Johnny  Hallyday y figure.  Comme un symbole en costume cravate, dans l’ombre en arrière-plan, l’icône, chouchou du Casablancais depuis toujours, semble prêt à l’accompagner pour un duo du genre Que je t’aime mon fréro.
Faut dire qu’avec l’ex idole des jeunes, c’est une longue histoire d’amour. « J’en suis fou » avoue-t-il.  Les points communs ne manquent pas. Tous les deux sont nés dans la rue, Simon au numéro 21de la rue Lacépède, devenu aujourd’hui rue Al Khaouarizmi, fief de cette jeunesse marocaine insouciante des années post 68. Il a grandi « avec tous les juifs de l’époque » se plait-il à conter, entouré d’une famille unie, auprès de ses trois sœurs, ses deux frères et  de son fidèle ami Henri Hazout. L’homme est aussi extravagant que généreux. La sortie de ce CD n’est pas une opération capitalistique mercantile, la totalité des recettes sera reversée à l’association de son ami Gad Elmaleh, SOS VILLAGE. Chapeau l’artiste.
Pour ceux qui descendent de l’avion, il est bon de rappeler le parcours de Simon, authentique autodidacte plus adepte, en effet, de la cour de récréation que des  leçons de géographie. « L’école ce n’était pas mon dada sans être pour autant un âne» s’amuse-t-il à raconter. De ses brèves études, il en gardera l’essentiel, se souvenir où se situe Paris, capitale d’une France qui, à l’époque, faisait encore rêver. Paname, pour les titis où il pose sa valise et ses ambitions,  à 22 ans - « j’ai quitté la ville Blanche à regrets» précise-t-il -, accompagné d’une de ses sœurs tout juste jeune mariée.
Le 12e arrondissement de Paris lui tend alors les bras, les faubourgs, métro Bastille, place de la nation, la gare de Lyon, vont être son quotidien dans ce quartier populaire. Coco n’a pas fait le voyage pour écumer les musées, très vite, il achète un supermarché sous forme de franchise, puis deux, avant de posséder une chaine, en or, si on ose dire, de magasins. « Ce n’était pas un métier que j’aimais, je l’ai fait pour gagner ma vie», se souvient-il. «C’était la facilité, on n’avait pas besoin de sortir des grandes écoles.  Le libre-service  marchait vraiment très fort ». 
Le succès dans ses affaires lui permet de changer de lieu de résidence. Il opte pour les beaux quartiers à l’ouest de Paris dans le 7e arrondissement,  à deux pas de l’hôtel Matignon, résidence et occasionnellement lieu de travail du chef du gouvernement, de l’hôtel des Invalides et à proximité du Champ-de-Mars où culmine la Tour Eiffel, excusez du peu. La messe est dite,  Simon Amar, 63 ans aujourd’hui,  a réussi sa vie et fait fortune en revendant ses « épiceries ».  La plus-value est belle mais laisse des regrets dans ses pensées. Son rêve c’était la scène, le spectacle. « J’aurais voulu être un artiste » comme le chantait si bien Balavoine. «Hélas  personne ne m’a tendu la main, il est vrai que je n’étais pas dans ce milieu-là à l’époque», ironise-t-il, des trémolos dans la voix.
Aujourd’hui, Coco rayonne à Casablanca. « En fait mon cœur n’a jamais quitté le Maroc» dit-il. «J’ai passé beaucoup de temps à des allers et retours mais la France n’est pas mon pays. Ma famille, mes amis, le soleil, la mer, les gens chaleureux  me manquaient trop, le paradis c’est ici, à Casablanca ». 
Pour tout le monde Coco est celui qui « déchire tout » dans les mariages, les Bars Mitsva, les soirées peoples à Marbella chez son amie Olivia Valere, en montant sur scène et pour chanter le répertoire de Johnny ou en se travestissant en danseuse orientale, funny, histoire de provoquer l’hilarité générale.
Sa gueule charismatique, son éternel cigare, son sourire chronique, sa gentillesse, son humour, son verbe, mais aussi son inséparable lot de « quincaillerie or massif » achetée chez les grands bijoutiers qui pend au cou comme un nez au milieu de la figure,  ne laissent personne indifférent, les stars en particulier qui l’adorent. Gad Elmaleh s’en est inspiré pour son film à juste titre: Coco.
Ce même ami Gad - qui «venait passer le shabbat à la maison» dixit Simon - l’a remercié publiquement lors de l’avant première du film sur les Champs-Elysées. Une consécration pour Simon ! «Coco, celui de mon film, rime avec mégalo mais c’est mégalo au grand coeur» confie Gad Elmaleh. C’est pourtant un des bémols apportés par Simon sur l’œuvre qui lui a permis d’entrer dans la lumière : trop de bling-bling, pas assez d’humain. «Comme beaucoup de gens dont la réussite a été fulgurante, Coco a besoin de matérialiser ses succès en affichant son argent, il est aussi attiré par tout ce qui brille» poursuit Gad qui lui a dédié son film.
Simon, lui, dédicace son CD à sa fille Jessica qu’il a mariée à Yankel, son bien aimé. La réception s’est déroulée dans le prestigieux lieu branché Tahiti Beach, chez son ami Hicham. «Les 700 personnes les plus importantes de Casablanca étaient invitées à la fête» précise Simon qui ne dit pas si les mariés sont heureux... Simon restera Coco pour l’éternité! Longue vie à toi fréro.