Leïla Slimani transforme l’essai !
Avril. 2016 \\ Par Jérôme Lamy

UN PREMIER LIVRE, DANS LE JARDIN DE L’OGRE, SALUE PAR LA CRITIQUE, LEÏLA SLIMANI EST ENTREE DANS LA COUR DES GRANDES PLUMES AVEC SON SECOND ROMAN, CHANSON DOUCE. DANS CET OUVRAGE POETIQUE ET MAGNETIQUE, UNE NOURRICE VA FINIR PAR DETRUIRE UNE FAMILLE BOURGEOISE. ET PEUT-ETRE CHANGER LA VIE DE LEÏLA SLIMANI QUI A REMPORTE LE GONCOURT, SUCCEDANT AINSI A UN CERTAIN TAHAR BEN JELLOUN, RECOMPENSE PAR CE PRIX MYTHIQUE EN 1987.


Leïla Slimani ne sait pas conduire. Ça tombe bien, elle n’aime ni les voitures, ni la vitesse. Elle préfère prendre son temps. Pourtant, elle avance pied au plancher et brûle les étapes dans le petit monde de la littérature. Après un départ sur les chapeaux de roue avec son premier roman Dans le jardin de l’ogre, récompensée par la 6e édition du Prix littéraire de La Mamounia 2015 et nommée pour le Prix de Flore 2015, l’écrivaine marocaine a encore passé la vitesse supérieure avec son second livre Chanson douce, paru, aux éditions Gallimard, lors de la rentrée littéraire.
Saluée unanimement par la critique, sélectionnée pour le Prix Flore, le Prix Renaudot, Leïla Slimani a remporté le mythique Prix Goncourt où elle succède... à son aîné marocain Tahar Ben Jelloun, sacré en 1987 et devenu un membre illustre de l’Académie Goncourt (1). Chanson douce est un livre prenant et surprenant, plein de culot. «C’est de la grande littérature» précise Tahar Ben Jelloun. «C’est bien écrit, passionnant, fort et sincère. Alors, le Goncourt? Oui, c’est mérité !».
Leïla Slimani avoue être honorée par cette reconnaissance mais elle assure ne pas faire ce métier, celui de ses rêves de petite fille, pour courir après des récompenses. «J’écris pour mes lecteurs, pour créer de l’émotion, pour partager quelque chose» précise-t’elle. «Bien sûr, il y a une forme de soulagement car je me savais attendue au tournant après le succès du premier roman. La mécanique de comparaison est assez naturelle. Forcément, c’est un début de reconnaissance et c’est agréable. Mais, le succès ne se construit pas sur un livre ou deux. Je connaîtrai naturellement des échecs, des moments de creux. Et j’aurai besoin de davantage de travail encore, de la persévérance aussi. Donc, ce n’est rien à l’échelle de l’humanité.»
N’empêche, remporter le Goncourt change la vie d’un écrivain. Ce n’est pas Tahar Ben Jelloun qui dira le contraire. Il dit surtout tout le bien qu’il pense de Leïla Slimani et de sa Chanson douce. «Avec ce deuxième livre, Leïla Slimani a gagné son pari» écrit-il dans une de ses récentes chroniques pour Le Point. «Avec une écriture directe et rigoureuse, un rythme digne d'un thriller sans concession, elle a réussi un roman d'une grande force. C'est notre société, avec ses incohérences et ses mystères, qui se révèle. Au-delà de la lutte des classes (dont on ne parle plus nulle part), il y a des sentiments de haine et d'envie, des forces invisibles qui travaillent en profondeur et qui aboutissent au drame. C'est là où la romancière nous prend par la main ou le collet et ne nous lâche plus.»
Sélectionnée avec quatre autres jeunes auteurs parmi les talents à découvrir de la chaîne de librairies Cultura, Leïla, 35 ans juste sonnés, a surpris par la maturité de sa plume aux fulgurances naissantes. «Une réussite et une confirmation que Leïla Slimani est une écrivaine de talent» a conclu Tahar Ben Jelloun emporté par l’ivresse de l’histoire de cette nourricière meurtrière née dans l’esprit de Leïla Slimani après la lecture d’un fait divers aux Etats-Unis où une nourrice dominicaine a assassiné deux enfants. C’est déjà l’actualité judiciaire - l’affaire DSK - qui avait inspiré l’écrivaine pour son premier roman Dans le jardin de l’ogre. «Je suis aussi devenue maman et tout ce qui gravite autour de la vie d’un bébé est devenu un sujet important dans ma propre vie» confie Leïla Slimani.
Dans ses deux premiers romans, elle s’attache à tirer deux portraits de femmes qui sont autant d’anti-héroïnes, de personnalités négatives. «Je voulais sortir des clichés de la femme amoureuse ou de la mère courage» glisse-t-elle.
Derrière les traits de Louise, la vraie fausse nounou idéale, et du couple Myriam-Paul, plus bourgeois que bohème, il faut lire en toile de fond d’un roman, qui se lit comme une poésie, une captivante fable sociale entre celle qui subit la société et ceux qui la dominent ainsi qu’une émouvante introspection dans le huis clos d’un couple qui se perd à trop gagner. «Les couples d’aujourd’hui ont des vies presque trop remplies» dit Leïla Slimani. «Ils se croisent entre des successions de rendez-vous à ne pas manquer. Les éléments du couple sont débordés et aiment le répéter à satiété comme si c’était un symbole de leur réussite.»
La réussite sociale - «Myriam et Paul cherchent à gagner plus sans savoir pourquoi» précise Leïla - de ce couple sonne plutôt comme le symptôme de son échec. En tout cas, le confort de ce duo qui ressemble à tant d’autres offre un prisme manichéen sur les inégalités sociales qui s’affichent d’une lumière encore plus prégnante à la sortie d’une maternité. «La grande question, c’est comment on fait économiquement pour s’occuper des enfants» dit Leïla. «Les couples doivent négocier avec eux-mêmes, faire des choix, des concessions. Voilà une vraie inégalité devant la natalité.»
Leïla Slimani s’est intéressée aux couples qui ne négocient rien et ne concèdent rien. Ceux qui absorbent le changement radical de vie par le recrutement d’une nounou dûment sélectionnée et qui ouvre leur foyer à une nouvelle inégalité sociale encore plus abyssale. «Entre le confort douillet d’une famille bourgeoise, la chaleur qui unit entre ses membres et la solitude d’une nounou frappée par les problèmes financiers, il y a la confrontation entre deux univers qui se fracassent» précise Leïla. «Et cette dualité sociale, les Bourgeois l’occultent souvent et ils ont du mal à la regarder en face. Ils se considèrent à tort très tolérants alors que c’est souvent une grande hypocrisie.»
L’hypocrisie, voilà une attitude qui échappe totalement à la moralité de Leïla Slimani. C’est en tout cas l’impression qui a transpiré de cette femme lors de notre rencontre à Agadir, au Sofitel Thalassa Sea & Spa, où elle logeait. Épuisée par l’escale littéraire de la veille, à l’Institut Français où elle débattait autour de son premier roman, elle n’est pas franchement séduite par notre proposition de séance photos. Doux euphémisme.. Il faudra la douceur et le sens de persuasion d’Alice Rahou, la directrice communication des lieux, pour que Leïla joue le jeu.
Celui des questions-réponses n’est pas évident, non plus. Difficile de l’entraîner sur le chemin escarpé du thème de l’immigration en France où le climat est éruptif. «Je vis en France depuis 15 ans» précise-t-elle. «Je ne me sens pas comme une immigrée en France où je partage un destin commun et des valeurs universelles.» C’est aussi compliqué de la mener sur le débat du féminisme au Maroc. «Je ne suis pas là pour porter la cause féministe au Maroc» prévient-elle. «Je n’ai pas de message. Je n’ai rien à vendre. Et je n’aime pas porter les drapeaux. Si j’ai quelque chose à dire, je le ferai à travers mon art, à travers l’écriture. Mais trop souvent, les gens sont très manichéens dans leur façon de s’engager. Il n’y a plus de place pour la nuance. Et puis, on peut être un artiste sans être engagé.»
On la presse un peu. Elle attrape la perche. «La société marocaine est plus conservatrice et intolérante aujourd’hui que dans les années soixante-dix» précise Leïla. «Bien sûr, la jeunesse évolue un peu mais les lois n’évoluent pas aussi vite. Le regard est même plus dur qu’avant. C’est très dur pour les femmes de se construire dans cette morale. C’est dur pour une femme d’évoluer quand son corps appartient à l’espace public, quand son intimité est gérée par la loi. Ça peut avilir la vision que la femme a de son propre corps. Et c’est souvent synonyme d’excès de pruderie et de pudibonderie. Cela dit, ça dépend aussi du rapport de chacun avec sa croyance. Et j’ai été élevé dans le respect de la croyance de chacun.»
On aura encore plus de mal à aborder les questions de politique française avec celle qui fut une des plumes de Ségolène Royal pour l’élection présidentielle de 2007. Proche de l’ancienne Ministre de la Famille Dominique Bertinotti - c’est elle qui lui a présenté Ségolène Royal- , Leïla Slimani n’a que peu goûté son immersion dans ce monde singulier. «La politique ne m’intéresse pas» lâche Leïla. «Néanmoins, je suis contente d’avoir essayé, d’avoir vécu de l’intérieur la campagne présidentielle de 2007.»
A l’évidence, cet essai ne sera pas transformé. «La politique demande des compromissions et des concessions qui ne me conviendraient pas» répond-t-elle. «Je suis trop solitaire et peut-être trop égoïste pour la politique. J’ai des convictions, bien sûr, mais je n’ai pas le désir de convaincre les gens. Je n’ai jamais l’impression ou la prétention de pouvoir représenter quelqu’un. En fait, je n’ai pas le sens de l’Etat qui est le dénominateur commun de tous les politiques. Surtout, le patriotisme est un sentiment qui ne me parle pas du tout. Je ne me sens patriote ni au Maroc, ni en France. Or, on ne peut pas représenter des gens sans un attachement fort à un pays.»
Forcément, on lui a demandé son avis sur la montée des idées nauséabondes du Front National, en France... La réponse est cinglante ! «Je ne suis pas là pour donner mon avis mais pour écrire» lance-t-elle. «Je ne veux pas ajouter du bavardage au bavardage. Il y a tellement de gens pour commenter. Je vis dans mon coin et je suis loin de tout ça.» La réaction est la même pour la liberté d’expression qu’elle définit pourtant «comme une valeur première au-dessus de la quelle il n’y a rien.» Leïla Slimani se drape encore dans son souci de ne représenter personne et de n’être récupérée par personne. «La liberté d’expression, j’essaye de l’incarner dans ma vie mais je n’ai pas envie de parler à la place des autres» dit-t-elle. «Ceux qui n’ont pas envie d’être libres assument...».
Lunaire et solitaire, Leïla Slimani se protège. Elle est plus enjouée pour décrire l’accueil chaleureux qu’elle a reçu au Maroc dès la sortie de son premier roman, Dans le Jardin de l’Ogre, dont le thème de l’addiction sexuelle n’a jamais fait polémique. «Je suis très étonnée mais pas pour les raisons que l’on croit» confie l’écrivaine née, à Rabat. «Jamais je n’ai imaginé que je pourrais choquer ou être mal perçue. J’ai surtout été émue par la fierté que les Marocains ont manifestée. Ils se sont montrés heureux qu’une Marocaine réussisse à l’étranger et revienne échanger avec eux. Le Maroc, c’est ma maison, ma vie. Ce n’est pas important pour moi de revenir ici, c’est juste naturel. Il y a une notion d’enfant du pays qui a une signification d’autant plus forte que le rapport à l’immigration d’un côté comme de l’autre est très compliqué. On peut s’épanouir sans souffrances, sans douleurs, en vivant ailleurs et en gardant une attache forte et naturelle avec son pays natal. Ça fait du bien aux gens.»
Et ça prouve une nouvelle fois, si besoin était, la force populaire des médias français, notamment télévisuels, au Royaume. «Sans mon exposition dans les médias français, j’aurais assurément rencontré moins de succès au Maroc» confirme Leïla. «Les gens ont été très sensibles à ce que les médias français ont dit de moi. Les Marocains regardent les chaines de télé françaises. Ils lisent les journaux français. Ça fait partie de leur culture.»
Et Leïla de tordre le cou à la bonne vieille croyance qui voudrait que les Marocains soient allergiques à la lecture. «C’est le niveau élevé d’analphabétisation qui fait baisser les statistiques» précise-elle. «La jeunesse a trouvé un appétit de lecture sur internet. On assiste à un vrai changement et à un nouveau désir de romans, de BD. La littérature à destination des plus jeunes marche de mieux en mieux. Je suis très confiante. La lecture va se développer au Maroc.»
Leïla est tombée dans la marmite toute petite. Pas seulement parce que sa maman adorait faire la lecture à la petite Leïla pour l’éveiller aux mots et à leur juxtaposition... La maison familiale où elle a grandi, à Rabat, était tapissée de livres que ses parents - la maman originaire de Rabat, le papa de Fès - dévoraient au rythme de un par jour ! «Mes parents m’ont transmis très tôt l’amour de l’art et de la littérature» confirme-t-elle. «Ils érigeaient la figure de l’écrivain au dessus de tout. Le propos littéraire était sacré à la maison. Mes parents m’ont appris à ne pas survoler les sujets mais à les approfondir en creux de manière infinie. Cela a été très important dans ma construction personnelle et intellectuelle.»
Au lycée Descartes, la mission française de Rabat, Leïla Slimani suit une scolarité brillante. Elle tombe amoureuse du roman français du XIXe siècle et en particulier de Flaubert, Zola, Maupassant, Balzac. Elle s’est ensuite plongée dans la littérature russe de Tolstoi à Boulgakov, de Dostoïevski à Gogol.?Elle s’immerge ensuite dans les œuvres d’Amérique du Sud et s’éprend du «réalisme magique» de Mario Vargas. Elle plonge aussi dans Carlos Fuentes et García Márquez. La littérature maghrébine ne s’est invitée que beaucoup plus tard dans sa bibliothèque. Elle a aimé les classiques, ceux de Mohamed Choukri, Driss Chraïbi, Mouloud Feraoun.
Pas étonnant qu’elle ait fait hypokhâgne et khâgne, à Paris, après le bac. «Poursuivre mes études à Paris était une évidence» confie Leïla. «J’ai été formatée pour ça. C’était aussi une manière de marcher sur les traces de mes parents qui ont suivi le même parcours.» Admissible à Normale Supérieure, l'une des institutions universitaires et de recherche les plus prestigieuses et sélectives en France, elle rate la dernière marche et bifurque vers Science Po. Le jour de l’obtention de son diplôme à l’Institut d'études politiques de Paris est un jour de deuil: elle apprend le décès de son père. Et décide de prendre une année sabbatique.
Elle fréquente les Cours Florent, la grande école de théâtre et de cinéma parisienne, et figure au casting de Wake-up Morocco, le film Narjiss Nejjar. «J’ai fait une belle rencontre en la personne de Narjiss» se félicite Leïla qui n’a en revanche que très peu goûté son expérience d’actrice. «Le job de comédienne, ce n’est pas fait pour moi. Dépendre des autres, être noyée dans une grande machine est un calvaire pour moi. En revanche, comprendre les coulisses du cinéma a été un bonheur pour moi. J’ai toujours eu besoin de comprendre comment les choses se construisent.» Quand elle dénouera les techniques de réalisation d’un scénario, elle se lancera. C’est évident. «Je ne sais toujours pas par quel bout prendre le métier de scénariste» avoue-t-elle. Elle va devoir trouver la clef rapidement. Dans le Jardin de l’ogre qui devrait, en effet, être transposé prochainement au cinéma.
Si la télé ne l’intéresse pas, - «je déteste le traitement journalistique sur le petit écran» -, la radio l’attire davantage quand la presse écrite lui a ouvert ses bras depuis longtemps. Pigiste à Jeune Afrique, elle collabore aussi pour l’Express où elle se lie d’amitié avec Christophe Barbier, le célèbre directeur de la rédaction de l'hebdomadaire. Elle vient d’inaugurer une chronique hebdomadaire avec le site d’informations marocaines Le 360. Elle refuse de parler de l’avenir pour ne pas le trahir ou le travestir. «Pour ne pas l’abîmer surtout» précise-t-elle. «Il y a de plein de thèmes que j’ai envie d’aborder. Il faut seulement savoir écrire les bonnes choses au bon moment. C’est le secret...» Elle cite Dostoïevski dans le premier chapitre de Chanson douce. «Comprenez-vous, Monsieur, comprenez-vous ce que cela signifie quand on n’a plus où aller ? Car il faut que tout homme puisse aller quelque part.» Elle pense que c’est aussi important de savoir où on va que d’où l’on vient. Et elle a un lieu pour aller. «L’écriture est un pays immense dans lequel j’essaye de me perdre.» Elle visitera ce pays avec boulimie. Et sans voiture.

 


Interview décalée

Si tu étais une couleur ? Le blanc comme la page blanche devant la création. Je n’en ai jamais eu peur. Au contraire, je trouve ça stimulant. C’est le début !

Une saison ? L’automne, la saison de ma naissance, la plus belle saison. En fait j’aime surtout quand l’été meurt. Je déteste l’été.

Une ville ? La ville japonaise de kyoto pour son extraordinaire mélange harmonieux.

Un moyen de transport ? Je ne sais pas conduire. Je ne sais pas faire de vélo. Et j’aime plus que tout la marche. En fait, j’adore Paris pour son bitume.

Ta dernière crise de rires ? Avec mon fils et ma nièce: ils font des spectacles très rigolos. Ce sont des artistes !

Ta dernière colère ? Contre mon fils qui est très turbulent et ne m’écoute pas du tout (rires). Je me mets souvent en colère.

Un trait de ton caractère ? Solitaire, j’aime la culture du clan, être avec les miens.

Ta principale qualité ?
Mon ouverture d’esprit liée à mon éducation.

Ton pire défaut ?
Parfois, je suis trop solitaire. Être seule est mon plus grand plaisir. Je suis toujours toute seule. Je ne vois que mon fils et mon mari. Un écrivain passe sa vie tout seul.

Ce qui est rédhibitoire chez un homme? La bêtise, le racisme. Je suis d’une immense intolérance sur ces sujets. Et je peux me fermer comme une huître et devenir très mutique.

Si tu pouvais changer quelque chose dans ton physique... ? J’aimerais changer mes oreilles. Elles sont trop grandes...

Ton dernier livre ? Un membre permanent de la famille de Russell Banks, un recueil de douze nouvelles d'une belle intensité.

Ton dernier disque ? Aucun, je n’en écoute pas. Je n’aime pas la musique.

Ton héros contemporain? L’écrivain colombien García Márquez. C’est aussi un journaliste et militant politique, qui a reçu en 1982 le prix Nobel de littérature. Il n’a jamais fait mystère de ses sympathies pour la gauche radicale et les mouvements révolutionnaires auxquels il a apporté des aides financières.