Didier Escartin : « Mon défi, un peu fou... »
Juillet. 2019 \\ Par Jérôme Lamy

Placer la destination Rabat - Casablanca sur la carte mondiale du tourisme de golf, aux côtés de l’Île Maurice, l’Espagne, la Turquie et Bien sûr Marrakech,voilà le grand défi de Didier Escartin, le directeur général de l’Amphitrite Palace. Clin d’œil vous présente le projet Atlantique et l’histoire d’un rêve qui pourrait devenir réalité.  

 

Didier Escartin a fait un rêve un peu fou: accrocher la destination Rabat-Casablanca au wagon des offres internationales de tourisme de golf et positionner la ville de Skhirat - où se situe l’hôtel l’Amphitrite Palace qu’il dirige de main de maître depuis quatre ans - sur la carte mondiale des amoureux de la petite balle blanche. «Il ya quelques mois, il faut avouer qu’aucun golfeur ne connaissait le nom de Skhirat» sourit Didier Escartin qui a monté des Fam Trips (voyages de promotion) et convié à l’Amphitrite Palace, cet hiver, une centaine de golfeurs dont soixante des plus gros Tours Opérateurs internationaux spécialisés dans le juteux business du golf.

Ce n’est pas une évolution. C’est une vraie révolution qui est en marche. «Pour relever ce défi, il faut créer un vrai séisme» avoue Mustapha Zine, le président délégué de la Fédération Royale Marocaine de Golf (FRMG). Didier Escartin a dû, en effet, déplacer les montagnes. Big professionnel du tourisme ô combien reconnu (voir ci-contre), Didier Escartin a les épaules, le charisme, l’expérience, la vision et la talent pour réaliser l’impossible. Et surtout pour fédérer les énergies et entraîner une somme de personnalités dans l’écume de son ambition.

Comme un vrai chef d’entreprise, il a élaboré un business plan et bâti un plan marketing autour desquels il a fait converger des intérêts communs. «Sans Didier Escartin, rien n’aurait été possible» précise Ismail Malouki, directeur du Casa Green Golf Club de Bouskoura.

Parti d’une page blanche, Didier Escartin a réalisé un énorme travail de lobbying pour réunir autour de la table une compagnie aérienne internationale (Royal Air Maroc), un Tour Opérateur golfique de référence (Tee of Travel), un établissement touristique public marocain (Office National Marocain du Tourisme), une structure hôtelière haut de gamme (l’Amphitrite Palace) et neuf golfs qui ont poussé comme des champignons entre Rabat et Casablanca. «Depuis Lisbonne qui avait mis tous les moyens pour concurrencer Faro au Portugal, je n’ai jamais connu de projets aussi ambitieux» précise Christophe Luneau, le fondateur de Tee of Travel.

Didier Escartin n’a pas seulement été altruiste. Il a forcément prêché aussi pour sa paroisse.  «Les golfeurs, c’est une opportunité d’assurer une occupation hôtelière hivernale suffisante  pour nos structures que ce soit l’Amphitrite et ses 180 chambres et suites à Skhirat ou l’Avanti et ses 156 chambres et suites à Mohammedia» confirme Didier Escartin. «C’est également une opportunité car un golfeur est plus dépensier qu’un autre touriste sur les points de vente comme le spa, la restauration ou le bar. Et il faut préciser qu’un golfeur est plus facile à cibler qu’un autre touriste car deux golfeurs sur trois réservent leur séjour avec un Tour Opérateur spécialisé. C’est une chance pour nous.»

Ce n’est pas la seule. Avec les aéroports internationaux de Casablanca et Rabat, l’accessibilité aérienne est une vraie valeur ajoutée pour la destination. «Rabat offre des vols  directs en provenance des grandes capitales européennes comme Paris, Madrid, Londres ou Bruxelles» précise Didier Escartin qui parie aussi sur les faveurs du ciel. «Entre les mois d’octobre et mars, les conditions météorologiques ne permettent pas de pratiquer le golf de manière optimale en Europe. Ici, nous bénéficions d’un fort ensoleillement et d’une moyenne de température clémente de 19 degrés.»

En tout cas, tous les protagonistes ont adhéré au projet Atlantique - c’est ainsi que Didier Escartin l’a joliment nommé - au delà des espérances initiales. «J’ai été surpris par l’engouement des golfs qui ont tous joué le jeu» confie Didier Escartin. «Les golfs étaient dans l’attente d’une telle démarche. Tous les golfs sont adossés à des projets immobiliers. Mais leurd objectifs, c’est aussi de faire du chiffre d’affaires avec la pratique du golf. Nous sommes arrivés au bon moment. Nous avions tous des intérêts communs, que ce soit la vente de nuits pour les hôtels, la vente de green fees pour les golfs, la vente de billets d’avions pour la compagnie aérienne, la vente de séjours pour le Tour Opérateur, la promotion pour l’organisme touristique».

La force du projet, c’est l’agressivité de l’offre commerciale. Sept nuits à l’Amphitrite Palace, quatre green fees, l’aller-retour depuis l’Europe avec la Royal Air Maroc et les transferts sont facturés au prix imbattable de 1190 €. «Les golfs situés entre rabat et Casablanca sont 25 à 30% moins chers que les autres golfs du Maroc» précise Didier Escartin. Mais le rapport qualité-prix n’est pas la seule force d’un produit prometteur. Loin s’en faut !

Au contraire, il convient de mettre en lumière  la possibilité offerte aux clients de choisir leurs quatre parcours dans la liste des neufs golfs dont la qualité est à la hauteur de leur beauté. Certains parcours offrent même la vue d’un balcon sur la mer. «Et comme c’est une nouvelle destination, la fréquentation est inférieure aux autres golfs du Maroc» assure Didier Escartin. «Les golfeurs sont assurés de n’être contraints à aucun délai d’attente au départ de chaque trou et de pouvoir profiter pleinement des parcours signés par de grands architectes comme Colin Montgomerie ou Cabell B. Robinson...»

Véritable carrefour des neufs parcours, l’Amphitrite Palace est un autre point fort du projet. La beauté de ce lieu mythique, la vue incroyable sur la mer, la discrétion de sa plage privée, le sens du service et de l’accueil, la qualité de ses prestations et de la restauration, le confort et la taille de ses chambres sont autant d’atouts qui expliquent la notoriété du Resort.

Et qui ont séduit l’équipe nationale du Maroc de football et son sélectionneur Hervé Renard qui organise régulièrement les stages des Lions de l’Atlas, à Skhirat. «Nous sommes également situés à quelques minutes de la sortie de l’autoroute, ce qui facilite l’accès aux aéroports de Rabat ou Casablanca et à trente  minutes maximum de tous les parcours» précise Didier Escartin qui dirige aussi le Centre International de Conférences Mohammed VI de Skhirat. Et ne manque pas de louer la richesse de l’offre de restauration de l’Amphitrite avec quatre tables italiennes, marocaines, méditerranéennes et internationales.

On en oublierait presque que les golfeurs ont la possibilité de jouer le matin et l’après-midi ou qu’un service de navettes gratuites permet de se rendre plusieurs fois par jour à Rabat. On oublierait presque aussi de souligner que le remarquable chef concierge Clef d’Or Mohamed Bounane accueille chaque groupe de golfeurs avec son sens légendaire du détail qui est essentiel et fait la différence. Enfin, on oublierait presque de préciser que la sécurité est une signature de l’Amphitrite Palace eu égard à sa proximité avec le Palais Royal de Skhirat.

Est-ce à penser que la destination Atlantique pourrait concurrencer l’offre de Marrakech qui est au golf ce qu’El Jadida est au cheval? Didier Escartin lève toute ambiguïté. «Il n’y a aucune concurrence, il y a seulement des complémentarités à dessiner» avance-t-il. «On peut réfléchir à des offres combinées Marrakech-Rabat ou El Jadida-Rabat notamment pour la clientèle scandinave qui ne dispose pas de vol direct à destination de Marrakech comme les Danois.»

Il faut aussi lire la complémentarité dans l’offre des destinations. A l’offre festive de Marrakech, Rabat et Casablanca répondent avec des activités plus culturelles. «Notre nouvelle destination regorge de joyaux méconnus comme les vignobles de Benslimane» précise Didier Escartin qui s’est converti récemment au golf, à Agadir où il dirigeait l’Atlantique Palace. «Comme le propriétaire de l’Atlantique Palace possédait aussi le Golf de l’Océan, il m’a semblé plus cohérent et crédible de pratiquer le golf afin d’avoir plus de cartes en main pour vendre l’activité» confie Didier Escartin. «Mais je dois préciser qu’au début, je n’ai pas aimé. Heureusement, j’ai persévéré notamment lors de ma mutation à Skhirat.»

Quand il prend les commandes de l’Amphitrite, il y a quatre ans, quatre parcours lui permettaient de travailler son swing : Dar Es Salam à Rabat, le Royal Golf Anfa à Mohamedia, Bouznika Bay à Bouznika et le Royal Golf El Menzeh à Benslimane. Aujourd’hui, Didier Escartin a l’embarras du choix et des rêves un peu fous pleins la tête.