Correspondances amoureuses d’Edith Piaf à Marcel Cerdan
Mai. 2017 \\ Par Hervé Meillon

Casablanca, vendredi 22 juillet 1949.-

Mon adoré, …/… Je m’habitue de moins en moins à nos séparations et mon cœur se déchire.

Je suis imprégnée de toi et n’ai qu’une idée : te rendre heureux. Je serais capable de tout pour ton bonheur.

…/… Je ne veux jamais être une entrave à ton cœur.

Quand je m’aperçois, mon amour, de la place que tiennent dans ton cœur tes trois petits, j’ai envie de partir très loin me disant que peut-être un jour tu me seras reconnaissante de l’avoir fait. Ta vie est solidement bâtie sur des choses que tu as voulues et construites toi-même. Souvent, j’ai des peurs atroces. Oh, chéri, Dieu m’est témoin que dans cette histoire, je ne demande rien, que je suis prête à tout sacrifier. Mais jusqu’à quand pourrons-nous vivre ainsi…/… un rien peut nous trahir. Que deviendrons-nous ? Quelle sera ta réaction, As-tu pensé à toutes ces choses ?

Il le faut, car je ne veux pas qu’un jour tu me gardes une rancune de ce qui peut advenir !                                                                                                               

 

Casablanca, vendredi 23 juillet 1949.-

Mon amour, voilà, mes débuts à Casablanca sont faits. La presse m’a fait beaucoup de mal…/… Ton frère Armand et sa femme étaient là. Je te préviens qu’elle m’a dit : « Vous me plaisez beaucoup et je ne m’imaginais pas que vous étiez aussi jolie ». Comme ça, si elle rencontre ta femme, ça lui fera plaisir. Les journaux l’ont écrit aussi…/…Je suis fière pour toi, je voudrais être la plus jolie de toutes pour que jamais tu puisses un jour ne plus m’aimer.

J’ai appris que tu allais construire une villa de dix millions, à Casablanca et que chaque fois, tu t’installais de plus en plus, ici. Vois-tu, c’est ça qui me tue et qui me fait ne plus rien comprendre…/… Chéri, il te faut prendre une résolution, d’abord pour tes gosses et ensuite, pour toi. Tu es leur père et tu dois aussi les défendre…./… Mais maintenant , je sais pourquoi Dieu m’a mise sur ta route, il ne m’aurait pas permis de faire une mauvaise action…/…

Je suis sûre que La Motta est un appel de Dieu pour que je sois toujours près de toi.  A chaque fois que l’on nous sépare, il t’arrive un coup dur. Regarde Delannoit et La Motta, regarde Zale, Turpin, Roach, tu les as tous mis KO de la même façon. Je suis sûre maintenant que Dieu veut que je sois près de toi, sûre comme j’existe…/…

Je vais chanter à la radio de Casa. Je te prie de croire que l’on m’aime bougrement à Casablanca et je ne pense pas avoir jamais personne contre moi quoi qu’il arrive. Hier je me sentais heureuse d’être dans ta vie.

 

Casablanca, dimanche 24 juillet 1949.-

(Du 22 au 24 Juillet, Piaf est au Miami à Casablanca pour des galas. Elle s’explique devant la presse marocaine sur ses relations avec Cerdan.)

 

Non, Marcel Cerdan ne divorcera jamais. Si je devais arracher un homme à son foyer, à ses enfants, je ne pourrais plus vivre. Si je devais séparer Marcel à sa famille, je me tuerais. Il est impossible que des innocents paient.