Charly Oleg: Formidable !
Mai. 2010 \\ Par Jérôme Lamy

Bientôt au théâtre aux côtés de Raphaël Mezrahi et Evelyne Leclercq, sa partenaire dans Tournez Manège, Charly Oleg est un homme demandé. Quand il a du temps libre, c’est au restaurant le Vintage, rue d’Argout, qu’il vient animer les soirées et étaler son formidable répertoire.

Charly Oleg ne fait aucune coquetterie autour de son âge ! Quel intérêt de mentir puisque, lui dit-on, il fait de toute façon dix ans de moins ? C’est donc avec un joli rire taquin qu’il indique « vous n’avez qu’à écrire 70 ans, c’est l’âge que tout le monde me donne ! ». L’humour, la bonne humeur et l’optimisme semblent n’avoir jamais quitté le célébrissime pianiste ‘aux 5000 intros’ de Tournez Manège.

Tenu au corps très jeune par sa passion pour la musique, Charly Oleg, Charles Olejniczak de son vrai nom, a été bercé en Lorraine par les notes de son père qui pratiquait le piano en amateur. « Mon père était originaire de Pologne et avait rencontré ma mère en France. Il a d’abord travaillé dans une aciérie puis en tant que ramoneur. Je me souviens de lui, tout en souplesse, grimpant sur les toits des églises. »

Dès l’adolescence, Charly joue d’instinct. Il a ce que l’on appelle l’oreille absolue. A 14 ans, il passe plus de sept heures par jour accroché à son clavier. Les gammes ne sont alors pas forcément sa tasse de thé mais alors qu’au même âge il entre au conservatoire de Metz, il apprend la rigueur du piano classique et obtient à 16 ans son premier prix de musique. Effacez cependant de votre esprit l’image d’un jeune homme discipliné, la raie sagement dessinée au milieu de son crâne… Charly est une comète, un astéroïde. A 14 ans il quitte ses parents et gagne sa vie en jouant dans un cabaret ! Il mène de front les journées studieuses du conservatoire et les folles nuits au milieu des filles de joie. « Ces femmes m’ont alors pris en tendresse sous leurs ailes, elles sont devenues ma petite famille », précise pudiquement Charly dans un élan de nostalgie. « Je me souviens qu’à cette époque, je n’arrêtais pas et à deux heures du matin, j’enfouissais des couvertures dans mon piano pour continuer à travailler sans gêner les voisins ».

Enfin arrive l’aventure parisienne. Le premier séjour de Charly à Paris est initié par une compétition de ping-pong… et oui il trouvait même le temps de faire du sport ! Il découvre alors avec bonheur la Capitale et se promet qu’il y vivra un jour. C’est le service militaire qui le rappelle à Paris. Par chance, un lieutenant qui l’avait entendu au conservatoire l’intègre à la fanfare de l’armée où il joue de la grosse caisse. « C’est sans doute grâce à cette affectation que ma vie a pris son tournant définitif. J’étais entouré de musiciens qui eux-mêmes avaient des relations. J’ai très rapidement trouvé du travail et cessé de dormir à la caserne », raconte Charly.

La vie de cabaret le rattrape une nouvelle fois. Il joue d’abord dans un dancing Place de Clichy puis, à 22 ans il est embauché au Macumba, une boîte en vogue. Sa réputation se dessine. Un soir, on l’appelle à l’Olympia pour remplacer un pianiste au pied levé à l’occasion d’un radio crochet. Tout s’enchaîne. Le lendemain, les producteurs de l’émission Télé Dimanche, Raymond Marcillac et Roger Lanzac, le contactent pour qu’il anime le Jeu de la Chance. Celui du destin aussi. Ce jeu ne peut pas mieux porter son nom. Zina, la chanteuse qui anime le divertissement avec lui, devient sa femme. « Pour moi, tout était amusement, tout l’est encore d’ailleurs. Je n’avais peur de rien », nous confie l’animateur.

C’est sans nul doute cette joie de vivre, cet éternel dynamisme qui incitent les producteurs de Tournez Manège à faire appel à lui. Durant huit années de succès - de 1985 à 1993 - , il devient ‘l’homme aux 5000 intros’. « Je pense que je connais réellement par cœur 5000 introductions de chansons. Mais je connais aussi par cœur de nombreux morceaux classiques.

J’ai la chance d’avoir une excellente mémoire et une très bonne oreille qui ne m’ont jamais trahi », confirme le musicien. Charly retrouve encore sur le plateau de Tournez Manège une nouvelle famille : « J’étais entouré de trois ravissantes femmes, Evelyne Leclercq, Simone Garnier et Fabienne Egal. Je continue d’ailleurs à faire des galas régulièrement avec Evelyne. »

Lorsque l’émission cesse, Charly ne connaît pourtant pas le chômage. Il reprend du service dans La Chance aux chansons pour une dizaine d’années. Le chômage ou la retraite ne sont d’ailleurs pas du tout des mots familiers pour Charly.

Aujourd’hui encore après ses quatre kilomètres de courses quotidiennes, il joue du piano deux heures durant : « J’aime le classique, ça me fait les doigts, mais j’adore finir en impro sur des notes de jazz. Il y a deux ans j’ai sorti un disque qui reprend cette ambiance entre classique et jazz », rappelle-t-il. Notez que le disque reste en vente chez tous les disquaires dignes de ce nom sous le titre de Variations personnelles.

Décidément, rien n’arrête le manège de Charly de tourner. Il prépare même un retour sur les planches du théâtre avec Evelyne Leclercq et Raphaël Mezrahi. Enfin, si la nostalgie des années Tournez Manège vous titille, sachez que Charly sévit régulièrement au Vintage (voir ci-dessous), rue d’Argout, pour notre plus grand bonheur.

Et pour rappeller que le temps passe trop vite. Surtout quand Charly est au piano.