André Azoulay: dire non à ceux qui veulent effacer ce que l’histoire a enseigné..
Juillet. 2016 \\ Par Claudine Naassens

la présence d’andré azoulay, à marrakech, pour la semaine du bonheur et du dialogue, a entouré d’une lumière méritée un événement qui a atteint des sommets culturels et intellectuels.

Un déplacement d’André Azoulay n’est jamais anodin. Pour dire vrai, c’est toujours un événement. La présence de l’illustre conseiller de sa Majesté le Roi Mohammed VI, à Marrakech, à la Maison Denise Masson, lors de la Semaine du dialogue et du bonheur est évidemment un honneur pour les organisateurs, l’École supérieure de Management- GEC Marrakech et l’Institut français de Marrakech. Surtout qu’André Azoulay a qualifié  cet événement culturel et intellectuel d’acte fondateur où spiritualité, solidarité et bonheur sont intimement associés.

Espace de débats, d’échanges et de rencontres permettant de créer les conditions d’un dialogue fécond autour des projections sur des thèmes comme les Livres Saints (Torah, Bible et Coran), une table ronde sur l’inter-spiritualité et le vivre ensemble, leviers du développement durable ou des ateliers sur la jeunesse, spiritualité et développement durable, l’événement ne pouvait rêver meilleur intervenant qu’André Azoulay. «Aujourd’hui, sur tous les continents, nous sommes tous acteurs ou spectateurs des douloureuses années de l’échec et de la régression» dit la personnalité iconique d’Essaouira. «Je fais partie de ces combattants qui ne se résignent pas à abandonner et qui refusent l’échec».

Et André Azoulay de remémorer son parcours d’adolescent où les débats entre marxistes et libéraux, entre juifs et chrétiens avaient libre cours sans aucun problème pour qui que ce soit. «J’ai longtemps attendu et rêvé que nous soyons quelques uns et de plus en plus nombreux à reprendre la parole, à nous retrouver sur le devant de la scène pour dire que nos spiritualités, quelles qu’elles soient, sont sources de progrès et d’humanité, sources de respect» poursuit-il. «Je fais partie de ceux qui prêchent, résistent et n’acceptent pas cette régression mais je n’intéresse personne. Je vis les événements dans ma ville natale d’Essaouira. Et je laisse sur le bord de ma route ce que ces années d’histoire m’ont légué.»

Rien d’étonnant qu’André Azoulay évoque le Festival des Andalousies d’Essaouira où chaque année, depuis 15 ans, Islam et judaïsme se retrouvent pour chanter, danser et s’embrasser dans une même communion. «Un événement unique au monde sur lequel jamais une ligne n’est écrite en Occident et pour ainsi dire presque pas en Orient» regrette-t-il. «Cet art de vivre ensemble n’intéresse personne. C’est là notre échec collectif. Si on réunissait à Essaouira ceux qui nourrissent la fracture, théorisent l’exclusion, débattent de cette culture de l’amnésie de l’histoire, ceux-là feraient la Une...»

Cette semaine du bonheur, est pour André Azoulay, comme un signal de la reprise de la capacité collective de la parole et peut-être de l’attention des autres, reconquise et revisitée. « Il est temps de dire non à tous ceux qui, par effraction, nous ont pris en otage, à tous ceux qui veulent cultiver l’ignorance, l’oubli, effacer ce que l’histoire a enseigné» lance-t-il comme on signe un appel. «Je me sens riche de la profondeur de mes racines et de l’extraordinaire diversité de mon parcours en tant que Marocain. Je revendique ce combat de repartir à la conquête de nos opinions publiques et de dire non à ceux qui par le sang, le déni de la manipulation, veulent nous installer dans cette tragique contre-dynamique, dans ce rejet de la réalité.»

Et en terme de conclusion, ce brillant orateur a souhaité, du plus profond de son cœur, la reconquête de la raison. Pour cette bataille des idées, il peut compter sur Faouzi Skali, Doc- teur en anthropologie, ethnologie et sciences de religions, Rabbi Yeshaya Dalsace, le rabbin de Paris; Ahmed Taoufiq, le ministre des Ha- bous et des Affaires Islamiques; Ali Ben- makhlouf, professeur universitaire et philosophe; Fanny Mergui, militante juive marocaine; Touria Ikbal, parlementaire et spé- cialiste en soufisme; Nicole Fabre, bibliste ; Père Christian Delorme, prêtre et écrivain; ou Mohammed Valsan, théologien et écrivain, sans oublier Pierre Raynaud, directeur de l’Institut Français de Marrakech et Hassan Fnine, directeur de l’École supérieure de Ma- nagement-GEC Marrakech qui ont également donné un sens à ces débats, à la Maison De- nise Masson où le dialogue fut le plus court chemin vers le bonheur...