Seybah Dagoma, un an après....
Mars. 2009 \\ Par Jérôme Lamy

Adjointe au maire de Paris et Présidente de la Semparisienne, Seybah Dagoma n’a pas perdu de temps depuis les élections municipales.

Clin d’oeil.- Un an après les élections municipales, quels enseignements tirez-vous de votre première campagne dans le 1er arrondissement ?
Seybah Dagoma .- C’était un moment très intense et riche. J’ai rencontré de nombreuses personnes, souvent passionnantes et engagées, avec lesquelles je continue d’entretenir des relations. Mais je retiens surtout que la politique a un sens lorsqu’elle repose sur un dialogue démocratique permanent avec les habitants. L’écoute, l’échange, la présence sur le terrain sont irremplaçables pour exercer au mieux le mandat que les électeurs nous confient. J’essaye d’appliquer cette règle tous les jours dans le cadre de mes différentes fonctions : en tant que conseillère de Paris du 1er arrondissement, Présidente de la SEMPARISEINE et Adjointe au Maire de Paris.

Comment faites-vous avancer les sujets sur lesquels vous avez fait campagne dans le 1er arrondissement?
Avec tous les membres de la liste « Un temps d’avance», nous avons fait campagne sur de nombreux sujets que sont notamment le logement social, la préservation des commerces de proximité, la démocratie locale… Plus que jamais, avec Marta Garcia et Loïg Raoult , nous nous battons au sein du Conseil d’arrondissement pour faire avancer nos idées. Par exemple, lors du dernier conseil, nous avons demandé à ce que soit menée une étude sur l’évolution commerciale et sur les situations juridiques des locaux de la rue Sainte-Anne et alentours pour préserver la diversité des commerces de proximité dans notre arrondissement. S’agissant de la démocratie locale, nous avons fait progresser les choses. Désormais, tous les habitants peuvent poser des questions aux élus, sur n’importe quel sujet relevant de notre arrondissement, à la fin de chaque conseil d’arrondissement. C’est une première avancée.

Avez-vous avancé sur les Conseils de quartier ?
Sur les Conseils de quartier, nous n’avons pas obtenu satisfaction ! Dès notre arrivée, lors du second Conseil d’arrondissement en avril 2008, nous avons souhaité que cette question soit mise rapidement à l’ordre du jour afin d’en discuter. C’est pourquoi, nous n’avons pas désigné d’élus d’opposition, espérant pouvoir faire le point en mai. Pour nous, les conseils de quartiers ne doivent pas constituer une tribune supplémentaire pour les élus. Ce sont des structures pour les habitants et à leurs services. Nous considérons qu’il fallait mettre en place une concertation avec les conseillers de quartier sur leur fonctionnement, d’une part, et que le rôle des élus devait être débattu, d’autre part. En effet, lorsque les élus participent au Conseil de quartier (ce qui n’est pas systématiquement le cas à Paris), de nombreuses questions se posent : la présidence, la fréquence des réunions, l’ordre du jour, le vote…
A l’instar des conseils de quartier des autres arrondissements du centre (2e, 3e et 4e), nous pensons par exemple que les élus ne doivent pas participer aux votes. Cela aurait évité la mésaventure que plusieurs conseillers du quartier Saint Germain l’Auxerrois nous ont rapportée. Malgré plusieurs demandes, comme en attestent les comptes-rendus des Conseils d’arrondissement, nous n’avons pas obtenu que cette question soit enfin portée à l’ordre du jour qu’au dernier conseil. Nous reconnaissons le travail de concertation mise en œuvre par la majorité municipale avec les conseillers de quartiers, mais nous aurions souhaité apporter notre contribution sur le rôle des élus. Le Maire du 1er n’a pas voulu les entendre.  Et contrairement aux autres arrondissements, la charte n’a fait l’objet d’aucun vote : ce qui est très révélateur de la conception que M. Legaret se fait de la démocratie locale! Nous comptons prochainement intégrer les conseils et soutenir les habitants dans leurs demandes concrètes. Je pense à la rue Bailleul, par exemple.

Et le logement ?
A Paris, depuis 2001 plus de 30 000 logements sociaux ont été financés, 80 % des immeubles insalubres de la capitale ont été traités, 6000 ménages à revenus moyens ont pu accéder à la propriété grâce à notre Prêt Paris Logement à 0 %, 8 000 logements ont été sauvés du processus des ventes à la découpe, 3700 logements étudiants ont été financés. Au cours de cette nouvelle mandature, nous allons créer 40 000 logements sociaux. C’est une réponse politique forte. Dans le centre, les surfaces sont encore plus rares. C’est pourquoi, nous devons saisir toutes les opportunités pour faire du logement social. Et nous comptons le faire !
Mais je veux ajouter ceci. Face à la crise du logement qui frappe notre pays, chacun doit jouer le jeu. Notamment les collectivités locales qui s’obstinent à ignorer la loi en refusant de réaliser les logements sociaux indispensables. Dans ce contexte, je juge irresponsable l’amendement récent déposé par plusieurs parlementaires parisiens de l’UMP visant en réalité à protéger des locataires généralement aisés, qui occupent indûment ce type de logement.

L’opposition municipale dénonce les errements du Maire de Paris concernant la rénovation des Halles quand les associations se mobilisent pour sauver le jardin Lalanne. Qu’en pensez-vous ?
Les Halles telles qu’elles résultent des travaux réalisés dans les années 1970 et 1980 sont indignes du centre de la plus belle ville du monde, avec des lieux aussi remarquables que l’église Saint-Eustache, la Bourse du Commerce et Beaubourg. Les pavillons Willerval sont obsolètes, le jardin est morcelé, avec trop d’espaces inaccessibles au public qui peuvent favoriser l’insécurité, les espaces souterrains ont vieilli alors qu’ils sont de plus en plus fréquentés. Tout le monde a salué la décision du Maire, dès son élection en 2001, de rénover les Halles, en engageant une réparation profonde. La grande majorité des associations a salué le choix qu’il a fait de retenir la stratégie urbaine de David Mangin, qui respecte l’équilibre du quartier sans ajouter un nouveau traumatisme architectural. Le jardin, nouvel espace vert unifié, de plain-pied et plus ouvert, restituera la dimension métropolitaine du site, en offrant une grande promenade de la rue du Louvre au cœur des Halles, avec des espaces ouverts de rencontre et de convivialité ainsi que, pour les enfants, des aires de jeux agrandies et de conception originale, dédiées à toutes les tranches d’âge. Après la démolition en 2010 des pavillons situés rues Rambuteau et Lescot, la Canopée de Patrick Berger et Jacques Anziutti viendra prendre place au-dessus du Forum en accueillant équipements, espaces publics et commerces, les accès aux espaces souterrains seront améliorés, modernisés. Toutes ces actions, qui nécessitent la mobilisation de tous, vont transformer radicalement les Halles et en faire un lieu plus beau et  à la hauteur des enjeux du cœur de la métropole..

Vous êtes adjointe du Maire de Paris en charge de l’économie sociale et solidaire, quel bilan dressez-vous de votre action ?
Il est sans doute trop tôt pour dresser un bilan alors que je ne suis élue que depuis un an, et pour six ans. Mais je peux déjà vous dire que je suis heureuse de participer à la mise en place de la première priorité de la mandature définie par Bertrand Delanoë : la solidarité. 1,6 milliard d'euros seront consacrés en 2009 à la protection des Parisiens les plus fragiles. Le Plan Départemental d’insertion va permettre le retour à l’emploi de 9000 parisiens en difficulté. Je lance cette année beaucoup de projets : des boutiques solidaires sur le modèle d’Emmaüs Défi, des aides à la création d’entreprises « classiques » ou d’insertion, des actions pour l’entreprenariat social et le commerce équitable, par exemple.

Vous avez notamment été porteuse du projet de micro-crédit. Est-ce une réponse suffisante au contexte économique difficile pour les particuliers et les sociétés ?
Le Microcrédit personnel Paris Ile-de-France est un prêt destiné aux Parisiens et Franciliens qui souhaitent concrétiser un projet, et dont les revenus modestes sont trop incertains pour leur permettre d’accéder aux prêts bancaires classiques. Nous espérons accorder 1000 prêts d’ici la fin de l’année. Nous encourageons également le microcrédit professionnel qui permet de créer des entreprises et donc de l’emploi. La Ville subventionne notamment l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique (ADIE). Il s’agit d’une réponse utile, à conjuguer avec une politique globale pour l’emploi et l’activité économique.
Pourquoi le PS ne s’empare-t-il pas de ce sujet à l’échelle nationale ?
Il s’en empare, puisque dans la nouvelle direction nationale, une secrétaire nationale à l’économie sociale et solidaire a été nommée. Je m’en réjouis. Je pense qu’une réflexion globale sur l’accès au crédit est nécessaire, et j’espère que la convention nationale (consacrée aux questions économiques et sociales) organisée par le parti à la fin de l’année permettra de faire des propositions à ce sujet. Pour ma part, j’y travaille.
Vous avez beaucoup travaillé avec les entreprises en difficulté, comment les aider à passer le cap de la crise ?
Les entreprises, dans le contexte actuel de crise, ont des besoins de trésorerie évidents auxquels il faut répondre par un accès facilité au crédit. Les banques doivent donc remplir leur rôle et l’Etat doit y veiller. Je regrette que l’Etat ait prêté autant d’argent aux banques sans veiller à s’ancrer au conseil d’administration des établissements concernés : ce qui légitimement lui aurait permis d’influer plus efficacement sur l’orientation effective des sommes.

Dans la conjoncture actuelle, le Maire de Paris a-t-il raison d’augmenter la fiscalité locale ?
Cela permettra de financer plus de logements, plus de crèches, des transports et des services améliorés pour tous les Parisiens. Cette hausse, annoncée avant les élections municipales, sera modérée et sur deux ans seulement. Elle fait suite à une stabilité du taux des impôts locaux à Paris pendant toute la durée de la mandature 2001-2008, ce qui est sans précédent. Elle traduit notre volonté de maintenir l’investissement à un niveau très élevé, seule réponse pertinente à la grave crise actuelle.
Je regrette d’ailleurs le désengagement financier de l’Etat dont pâtissent toutes les collectivités locales de notre pays. Pour ne citer qu’un seul exemple qui relève de ma délégation, l’Etat doit 118 millions d’Euros à la Ville de Paris au titre des arriérés du revenu minimum d’insertion. S’ajoute à cela la dernière surprise du Président de la République qui vient d’annoncer la suppression de la taxe professionnelle sans aucune explication claire sur les compensations pour les collectivités locales.

La droite parisienne reproche notamment au Maire de Paris son obstruction pour l’application du service minimum à l’école. La juriste que vous êtes comprend-elle sa position ?
Bertrand Delanoë n’a jamais refusé d’appliquer ce texte. La preuve : nous avons mis en place un service minimum lors des deux mouvements de grèves successifs qui ont suivi sa promulgation. A l’épreuve des faits, la ville de Paris a constaté que l’insuffisance de personnels encadrants (eux aussi en grève) pouvait mettre en danger la sécurité des enfants.
Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à avoir fait ce constat. J’observe que lors du récent congrès annuel des Maires de France, beaucoup d’élus de droite et de gauche ont alerté le gouvernement. Celui-ci n’a jamais répondu sur le fond : preuve des fragilités qui caractérisent ce dispositif. Mais Paris respectera la loi dans la mesure des moyens humains disponibles.

Quelle est votre position sur le Grand Paris ?
Réfléchir aux problèmes de Paris à l’échelle de l’agglomération est une nécessité, comme le font les autres capitales mondiales. Favoriser la concertation et la solidarité entre Paris et les communes de banlieue aussi. C’est ce que nous soutenons avec la création de Paris Métropole, un syndicat mixte  qui mobilise près de 200 collectivités représentants des élus franciliens de toutes tendances politiques. Toute évolution de la gouvernance de notre métropole devrait donc partir de ce socle. C’est l’inverse des solutions prônées par la commission Balladur qui illustrent à la fois une vision ringarde avec la reconstitution de l’ancien département de la Seine (supprimé par le Général de Gaulle en 1968 !)  et inefficace car elle créerait « un machin » de 6 millions d’habitants inadapté aux politiques de proximité. En outre, cela serait  anti-démocratique car imposé de façon autoritaire au mépris des représentants du suffrage universel.  

Comment se porte le PS depuis le Congrès de Reims ?
La page du Congrès de Reims est tournée et c’est heureux. Aujourd’hui toutes les sensibilités socialistes travaillent autour de la Première Secrétaire Martine Aubry, et nous abordons la campagne pour les élections européennes enfin rassemblés.  Nous sommes concentrés sur la défense des citoyens face à la crise, sur l’opposition à la politique gouvernementale, et nous préparons notre projet pour 2012.

Comment avez-vous vécu la guerre des femmes entre Ségolène Royal et Martine Aubry ?
Je regrette que les querelles de personnes aient parfois pris le pas sur le nécessaire débat d’idées. Nous sommes un parti démocratique, c’est une bonne chose, mais nous pouvons sûrement progresser dans les méthodes de désignation de nos dirigeants. C’est d’ailleurs pour cela que je milite pour des primaires ouvertes à tous les Français pour désigner notre prochain candidat à l’élection présidentielle.

Un tel spectacle vous a-t-il donné envie d’abandonner la politique ?
Non. Je fais de la politique pour défendre mes idées. J’aspire à plus de justice sociale. Comme beaucoup d’élus et de militants associatifs, je suis confrontée chaque jour à des situations où des personnes sans logement, sans emploi, font face avec courage aux difficultés quotidiennes. Je tiens une permanence pour les habitants de l’arrondissement tous les jeudis en fin d’après-midi. Croyez-moi, cela motive pour continuer et pour relativiser les polémiques passagères qui ne sont pas si graves que cela.

A 30 ans, vous représentez la nouvelle génération et le renouvellement politique du PS. Qu’est-ce que vous pouvez apporter au personnel politique actuel ?
Je ne fais pas de « jeunisme ». Je considère que conjuguer expérience et renouvellement est une bonne chose. Chacun arrive avec son histoire et son expérience. Le sujet c’est construire. Pour ma part, j’essaye d’apporter ma sincérité, mon énergie et mes idées. Les problèmes économiques et sociaux sont très complexes et l’on ne peut pas avoir réponse à tout. Ma seule certitude est que l’ on a le devoir d’essayer. C’est peut-être cela ma conception de la politique.

Vos sorties médiatiques nationales sont rares. Est-ce une réelle volonté de rester sur votre quant-à-soi parisien ?

Je suis socialiste, et par conséquent, internationaliste. Je ne cultive aucun « quant-à-soi ». Je réponds aux sollicitations des journalistes. S’agissant des questions nationales, j’apporte ma contribution au sein de mon parti et je rédige des tribunes dans les médias sur les sujets sur lesquels je travaille. J’en ai, par exemple, rédigée une récemment sur « le leurre des plans banlieue » dans Libération. Par ailleurs, je ne suis élue que depuis un an, c’est parfaitement normal de ne pas passer à la télévision tous les jours !
Vous êtes membre fondatrice de la fondation Terra Nova, un think tank influent à gauche. Pouvez-vous nous expliquer son rôle ?
Terra Nova a pour but de produire et diffuser des solutions politiques innovantes, en France et en Europe. Elle veut contribuer à la refondation de la « matrice idéologique » de la gauche, en formulant des propositions concrètes au profit des leaders politiques, des élus nationaux et locaux ainsi que de tous ceux qui mettent en œuvre des politiques publiques. Elle veut s’inspirer des réussites et des bonnes pratiques de nos partenaires européens, participer à l’influence intellectuelle de la France en Europe et contribuer à faire émerger une doctrine progressiste européenne. Elle a déjà produit beaucoup de notes très intéressantes depuis sa création, toutes disponibles sur le site Internet de la fondation .

Pensez-vous que ces groupes modernes de pensées et de réflexion sont plus à même de rénover la société que les archaïques partis politiques ?
Non, je pense qu’ils représentent simplement un espace de réflexion nécessaire, complémentaire du rôle des partis politiques. Et d’ailleurs, ceux-ci ne sont pas « archaïques ». Malgré leurs défauts, ils sont une condition de l’existence de la démocratie.
Certains opposants voulaient vous coller l’étiquette d’être une caution de Delanoë soucieux de s’entourer d’hommes et de femmes issus de la diversité.  Aujourd’hui les faits leurs donnent tort. C’est une victoire personnelle ?
Malgré mon âge, je suis militante depuis très longtemps. Si je milite, c’est pour une société plus juste, et ce quelque soit son âge, ses origines sociales ou ethniques… Lorsque je me suis présentée aux élections municipales, c’était en tant que citoyenne, habitante du 1er arrondissement, sur la base d’un programme et non sur des questions de couleur de peau. Toutefois, si ma candidature permet une meilleure représentation de la diversité, je considère que c’est une bonne chose. Je suis consciente que la représentation de la diversité de la population française dans les instances politiques progresse  sans doute trop lentement. S’agissant de Bertrand Delanoë, je suis très fière de la confiance qu’il m’accorde. J’apprends beaucoup à ses cotés. Il est toujours disponible pour répondre à toutes mes interrogations. Je mesure pleinement la chance que j’ai.
Existe-t-il encore des discriminations raciales aujourd’hui ?
Oui, malheureusement. Il y a encore trop de discrimination à l’embauche et à l’accès au logement en métropole. Par ailleurs, la révolte actuelle de nos compatriotes des Antilles a mis en exergue de nombreux problèmes, parmi lesquels certains liés aux discriminations et à quelques restes nauséabonds de colonialisme en Outre-mer. Il faut les dénoncer sans relâche et mettre en place une politique volontariste pour lutter contre les discriminations. A Paris, ma collègue adjointe au Maire chargée des droits de l’homme et de la lutte contre les discriminations, Yamina Benguigui, mène une action exemplaire en la matière, basée sur le renforcement de l’égalité de traitement, grâce à un partenariat en cours avec la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre Les Discriminations) et des plans territoriaux dans les quartiers. Nous avons aussi signé une charte de l’égalité dans l’emploi de la Ville de Paris, pour montrer l’exemple en tant qu’employeur de 48 000 personnes. A cet égard, une grande réunion est organisée sur ce thème à l’Hôtel de Ville le 12 mars.

Qu’est-ce que l’élection d’Obama va changer ?
Je suis très heureuse de l’élection de Barack Obama. J’étais aux Etats-Unis lors de cet événement. Mais je tiens à souligner que si Barack Obama a été élu, c’est parce qu’il était le meilleur candidat. Il a été élu sur un programme politique, celui du Parti Démocrate, avec des mesures beaucoup plus justes que celles proposées par les Républicains. Il était également le plus charismatique, l’homme du moment. Cependant, il est le président des Américains. Sa mission consiste d’abord à défendre leurs intérêts. Il faut le garder en tête. J’espère, en tout cas, que les Etats-Unis seront plus ouverts sur le monde et le dialogue Nord-Sud.  S’agissant de la France, j’espère que cette élection va permettre une prise de conscience collective et un regard différent sur « l’autre ».

Vous êtes une brillante avocate d’affaires. Avez-vous fait le choix entre carrière privée ou publique ?
Je pense qu’il est souhaitable de concilier les deux : exercer pleinement le mandat confié par les électeurs, et continuer d’exercer mon métier. Mais cela est difficile. Il est temps qu’il y ait un véritable statut de l’élu dans notre pays afin de permettre au plus grand nombre de s’impliquer dans la vie politique.

Est-ce-que le fait d’avoir grandi à Sarcelles a pesé dans votre engagement politique et citoyen ?
Je crois plus au libre-arbitre qu’au déterminisme… Néanmoins, cela a compté, bien sûr : j’ai sans doute une vision de Paris solidaire avec sa banlieue, tout comme j’ai une vision de la société dans laquelle nous devons travailler à réduire les inégalités en profondeur, pour offrir une perspective de vie digne à tous. Tous les talents devraient pouvoir s’exprimer.
Par Jérôme Lamy, (avril 2009)

Le vrai-faux standardiste fétiche des grandes heures de Nulle Part Ailleurs a accepté de répondre à nos questions. Il nous a reçus dans son appartement, sous les toits, boulevard Sébastopol. Jackie Berroyer est un homme de parole et de musique. Normal que son chez lui soit escorté de mots et de sons... Rencontre avec un délicieux mélangeur de genres.

 

Clin d’oeil.- Jackie Berroyer, êtes-vous comédien, humoriste, écrivain ou scénariste? Quel est votre métier?
Jackie Berroyer.- Je suis une sorte de touche à tout sans préférence. Je ne sais toujours pas ce que je veux faire plus tard ! J’ai seulement pris quelques directions guidées par la musique, qui est première dans ma vie. J’écoute depuis toujours quatre heures de musique en moyenne par jour. Je suis un mélomane, curieux, éclectique, fouinant. C’est la musique, qui a nourri mon univers artistique. C’est la musique, qui m’a permis de rentrer à Charlie-Hebdo, en 1975, comme critique de rock.

C’est à Charlie-hebdo que tout a commencé...
On m’avait commandé un reportage sur un référendum autour d’une centrale nucléaire et j’ai raconté pourquoi je n’y suis pas allé. Du coup, je suis devenu un clown de presse. Je n’ai plus vraiment fait du journalisme. Et tout s’est enchainé. J’ai écrit des livres, des recueils. J’ai également rencontré beaucoup de monde lors des bouclages de Charlie-Hebdo, qui était devenu le rendez-vous des artistes et des politiques. Il  y avait toujours le coup à boire. A cette occasion, on a commencé à me demander si je voulais écrire des dialogues de film, des sketchs pour les fantaisistes. A force de fréquenter les gens de cinéma, on m’a proposé des petits rôles. Pialat, qui voulait adapter un de mes livres, m’a fait passer mes premiers essais pour A nos amours en 1982, mais il avait préféré Dominique Besnehard.
Comment avez-vous vraiment ouvert les portes du cinéma?
C’est une collaboration d’écriture avec Laurence Ferreira Barbosa pour son film Les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel qui a tout déclenché. Elle m’a donné un premier rôle important pour un personnage que j’avais moi-même inventé. J'ai accepté à contre-coeur mais il faut reconnaître que cette expérience m’a donné un statut d’acteur d’autant plus conforté que j’ai obtenu mon premier premier rôle dans Encore de Pascal Bonitzer. A cette occasion, j’ai remplacé Fabrice Luchini, avec succès à priori, puisque le film a rencontré un succès d’estime dans sa catégorie.

Est-ce que la télé vous manque actuellement?
Non, pas du tout, j’ai toujours l'impression que j’encombre. Quand je vois un plateau télé, je suis gêné pour ceux qui y sont. A la télé, c’est comme si tout le grotesque, qui est en nous était mis sous une loupe.

Vous n’êtes pas narcissique...
Non, mais pensez-vous que je me recoiffe... A vrai dire, ce qui m’embête, c’est de me définir par rapport à des qualités. On a toujours horreur de l’hypocrisie. Je ne vais pas pour autant prendre le contre-pied et m’inventer des défauts pour que les gens disent “ah, Berroyer, qu’est ce qu’il est franc !”. Simplement, aujourd’hui, je sais qui je suis. Je n’ai pas besoin de la télé pour exister. Et surtout, je ne me sens pas en mesure d’avoir la capacité d’exercer un charme.

Est-ce que vous vous aimez?
Je n’ai pas la haine de moi mais je ne suis pas non plus fo u de moi.

A la télé ou au cinéma, on vous a souvent vu timide, maladroit, indécis. Est-ce que vous êtes ainsi au quotidien?
J’ai mis en scène un personnage en me servant de ma manière d’être. J’aurais réalisé une vraie composition si j’avais créé un pète-sec, comme un militaire à la Noël Roquevert. Artistiquement, j’en serai d’ailleurs peut-être incapable. Dans Président, de Lionel Delplanque, je jouais une sorte de Seguéla, sorti des grandes écoles, et qui parle un peu sèchement. J’ai senti que je ne pouvais pas faire ça et j’ai transformé le personnage
en un type un peu mal à l’aise, qui suggère
des choses. Finalement, on a dit que j’étais
le seul personnage drôle du film...

Souvent, on prétend que vous n’avez pas fait pas la carrière que votre talent mérite...
Quand on parle de moi dans la presse, je suis habitué à lire : “le trop rare Jackie Berroyer”. C’est très gentil, je suis très content que les gens disent ça. Mais ça ne me rapporte rien de tout.

Avez-vous entretenu cette rareté?
Pas du tout, j’aimerais bien qu’on me propose plus de films.?Parfois, je me dis que j’aurais pu inventer des personnages, dont on aurait dit beaucoup de bien sur le plan artistique. Mais c’est presque de la vantardise, ça. Ceci dit, il ne faut pas oublier que j’ai commencé à faire du cinéma à cinquante ans. Donc, je suis au début de ma carrière !

Est-ce que vous regardez la télé?
Oui, un peu. Pour moi la télé, c’est de la détente. Je regarde des documentaires, les informations et beaucoup de football.

C’est votre jeunesse à Reims qui a nourri cet amour du foot?
Sans suivre très fermement le foot, je suis toujours passionné. Enfant, j’étais entraîné par les stars du Stade de Reims, Kopa, Fontaine, Piantoni, qui avaient en charge les scolaires dans leur contrat. J’adorais le football mais je n’étais pas très bon. En revanche, je jouais tous les soirs en rentrant de l’école sur un terrain vague en mettant les vêtements pour faire les buts et en attendant que les parents nous appellent par la fenêtre pour siffler l’heure du repas.

Est-ce qu’il y a des chroniqueurs qui retiennent votre attention à la télé?
Non, il n’y a pas quelqu’un qui capte mon attention plus qu’un autre. Il n’y a pas davantage d’émissions, que je suis plus qu’une autre.

Est-il plus facile de faire rire aujourd’hui qu’hier?
C’est une question difficile. Je peux seulement dire qu’une attitude saine est nécessaire aujourd’hui. Il faut être autant en alerte contre le racisme et l’exclusion que contre les dérives excessives des décrypteurs de ces tendances nauséabondes.

Peut-on tout écrire?
J’ai tendance à penser qu’on peut tout écrire. Je peux lire les pamphlets antisémites de Céline sans être dupe et atteint par son délire. A ceux qui pensent le contraire, je leur demande pourquoi ils se plaignent que les nazis aient fait des autodafés. Je vois déjà les objections... Ceci dit, c’est une question difficile à résumer en trois lignes. Il faudrait y consacrer tout un débat. 
C’est pour cette raison que vous avez défendu le dessinateur Siné, poursuivi pour “incitation à la haine raciale” à la suite de chroniques publiées dans Charlie-Hebdo...
Siné était injustement attaqué. Les défenseurs des libertés d’hier sont devenus les inquisiteurs d’aujourd’hui. Siné a été relaxé récemment par le tribunal correctionnel de Lyon mais les gens n’attendent pas le verdict de la justice... Au contraire, ils pensent que la société est devenue dégueulasse et que la justice défend l’indéfendable...

Est-ce que la chronique de Stéphane Guillon sur France Inter, au sujet de Dominique Strauss-Kahn, vous a fait rire?
Il y a des manières de dire les choses... Mais ce n’est pas grave. En fait, je n’ai pas un respect immense pour Strauss-Kahn, non pas à cause de sa vie privée mais plutôt à cause de sa démagogie. Je me souviens d’un reportage où son conseiller lui soufflait d’acheter un CD de John Coltrane et un autre de Cauet pour séduire les Bobos et les jeunes. J’ai trouvé cela d’autant plus pathétique et consternant que ça n’a choqué personne. Ca montre bien que les politiques sont  prêts à tout. C’est Jean-François Deniau, le seul politique qui m’a charmé, qui avait dit : “pour faire carrière, il ne faut pas seulement avoir vaincu ses amis, il faut aussi avoir trahi ses amis.” Si ça ne choque personne, autant parler de football...

Parlons de cinéma. Est-ce que vous avez envie d’aller plus loin dans le métier d’acteur?
J’y ai pris goût, c’est vrai. J’aimerais bien avoir un beau rôle à défendre, faire quelque chose de bien artistiquement. Je dis ça aujourd’hui mais je ne l’ai pas toujours dit. Avant, je disais que tout cela n’était pas très sérieux et que je venais manger le pain des acteurs. J’ai fini par admettre que je faisais aussi ce métier.

Votre polyvalence n’est sans doute pas votre premier atout aux yeux des réalisateurs?
L’écueil de la polyvalence, c’est la dispersion. Mais l’alternance de la polyvalence me convient bien. Ce n’est ni une pathologie, ni une névrose mais un trait de caractère. Cette année, par exemple, je suis très content de passer l’hiver au chaud chez moi, avec des livres, ma guitare, mon piano et un travail aussi intéressant que prenant pour Arte (voir par ailleurs).

Est-ce que vous vous lassez rapidement?
Non, mais je n’aimerais pas être comme ces acteurs qui travaillent tout le temps et qui sont pris en charge sans cesse. Ceci dit, il vaut mieux avoir du succès et travailler beaucoup dans ce métier que de rester chez soi à se ronger les ongles. On jouit des habitudes et des coutumes même quand on a du recul. Le cinéma, c’est : “t’as pas faim?; t’as pas froid?; tu veux des cigarettes? attends, on va aller te les chercher”. Le cinéma infantilise et rend paresseux sur le plan humain. C’est bien de se retrouver seul, confronté à soi et voir si on s’en sort. Moi, je m’en sors très bien dans la solitude. Je n’ai pas une solitude triste.

La solitude ne veut pas dire que vous vivez seul...
Je vis seul aujourd’hui. J’ai vécu avec des femmes, des enfants. Depuis quelques temps, je suis comme un célibataire, seul quand il le désire.

Est-ce que vous cultivez cette solitude?
Oui, un peu mais j’ai aussi le sentiment que je pourrais vivre n’importe quoi. S’il m’arrivait des obligations, un événement heureux qui impliquent qu’on soit plusieurs, je m’arrangerais pour le vivre le mieux possible.

Est-ce que l’ennui vous fait peur?
Je ne m’ennuie pas sauf avec les gens. Pas systématiquement, je vous rassure. Mais quand je m’ennuie, c’est avec les gens. J’arrive à un dîner et je m’aperçois qu’il va falloir rester quatre heures. Comme je suis sociable, je m’interdis de foutre le camp égoïstement. Parfois, je donne mon temps à des gens en ne leur montrant pas que ça ne m'intéresse pas tant que ça.
C’est de l’hypocrisie...
Non, c’est juste du savoir-vivre.

Est-ce que les gens vous déçoivent?
Non, non... C’est moi qui me déçoit. Je ne suis pas capable d’être assez intéressé par les personnes. C’est un juste un problème d’humeur assez rare quand même, il faut l’avouer.

Finalement, votre solitude vous offre une forme de liberté...
Tout à fait ! Qu’est ce qui est le plus important dans la vie? C’est le temps. C’est une richesse incroyable et c’est la plus rare. Je connais des gens qui ont beaucoup d’argent mais qui n’ont pas de temps. Le luxe qui était l’apanage des héritiers, des rentiers est devenu la panoplie de ceux qui passent 24h/24 à gagner de l’argent. Leur vie, c’est faire de l’argent mais certainement pas jouir de ce qu’ils possèdent. La grande bourgeoisie et la noblesse avaient une éducation qui les poussait à goûter les choses avec délice. Sans éducation, on devient des agités incapables d’avoir une relation avec les choses matérielles obtenues. J’ai conscience de cette relativité. Je me rattrape au col quand les vibrations de la ville me poussent à courir alors que je ne cours après rien. Je me retiens, je ralentis mon pas. Et je me dis : “t’allais te faire avoir, t’en as pas besoin...”

Estes-vous heureux dans la société actuelle?
Je n’ai pas la nostalgie d’une époque idéale. Pourtant, j’ai plutôt vécu les périodes heureuses. Je suis né après la guerre dans un milieu modeste que la douceur du quotidien contentait et réjouissait. Etre heureux, le bonheur, tout ça, ça alterne. A l’heure où un homme se pend dans son château, un autre sifflote près des barreaux de sa fenêtres, en prison. En revanche, on est dans une société qui se casse la gueule, où de gens souffrent. Je ne peux pas être indifférent.

Etes-vous angoissé par l’avenir?
Je vis comme un intermittent du spectacle à l’avenir incertain. Mais j’ai 62 ans au lieu de 24.  Je ne suis pas angoissé. Au contraire, je mesure la chance d’avoir pris cette direction à contre-courant des aspirations de ma famille. Dans le milieu prolo où j’ai grandi, on me disait : “avant d’écrire des livres, travaille chez Moulinex.” Aujourd’hui, les parents n’osent plus dire:  “ne joue pas de la guitare, trouve toi un vrai métier”, car ce sont les vrais métiers qui se cassent la gueule. Aujourd'hui, c’est Moulinex, qui est synonyme de précarité et d’instabilité. S’il devait y avoir un aspect positif dans la crise, ce serait celui-là. Chez moi, on disait que les artistes faisaient de la dépression car ils étaient un jour en haut, un jour en bas. Aujourd’hui, c’est chez Moulinex, qu’on fait de la dépression nerveuse. On assiste à une chute de civilisation. Pourquoi la notre serait éternelle?

Vous êtes pessimiste...
Je suis réaliste. Ce que je redoute le plus, c’est une guerre civile larvée. On croit que ça ne peut pas arriver chez nous mais ça peut arriver plus vite qu’on le croit. Demain, si on retire le fromage aux rats que nous sommes, des familles, des bandes, des clans vont se dessiner pour défendre leurs intérêts...
Est-ce que vous vous intéressez à la politique?
Oui grossièrement... Il faut du temps pour s'intéresser à la politique de manière honnête et efficace. On a des hommes politiques dont le métier est de s'intéresser aux affaires publiques. Ils deviennent des bavards. Quand je les entends parler à la radio, je sais, sans prêter attention aux fond de leurs propos, de quel bord ils sont. Ils ont des musiques de bandes comme on a des accents de région.

Est-ce que vous votez?
Oui, mais par exemple je n’ai pas voté lors du référendum européen car je n’avais pas lu l’épais dossier. En fait, je n’avais pas envie d’une Europe du fric, pas plus que j’avais envie que la France perde l’identité qu’elle a mis des siècles à bâtir. Donc, j’étais un peu d’accord avec les deux sensibilités...

Est-ce que vous vous engagez pour des causes?
Je ne suis pas du genre à aller défiler pour les uns et pour les autres. L’égoïsme fait que tout le monde descend dans la rue pour sa boutique. ça va tellement mal qu’il devrait y avoir bientôt une grève générale. Mais le peuple est résigné...

On ne vous croisera donc pas, rue de la Banque, pour défendre les mal logés?
Non, mais je ne dis pas que je ne le ferai jamais. Si je passe Rue de la Banque et qu’on me prend par le bras, je ne partirais pas en courant. En revanche, j’ai aidé Maria Novak, qui a développé le micro-crédit en France en créant l'ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique). L’idée, c’est de soutenir les gens, à qui les banques ne prêtent rien. L’expérience montre que l’assistanat n’est pas bon. Les gens ont besoin de la dignité. Celle d’avoir pondu son oeuf en est une. Entres toutes les causes, j’ai choisi celle-ci.  J’ai préféré m’engager sur ce thème plutôt que pour les restaurants du coeur par exemple. On devrait surtout se battre pour que l’état fasse en sorte qu’on n’est pas besoin de faire les restaurants du coeur. On est dans l’urgence, pas dans la réparation. Sartre disait à son secrétaire, Jean Cau, qui lui faisait signer des pétitions : “Alors, combien de cris à pousser ce matin?” J’aime assez cette formule.
Est-ce qu’on peut dire que vous êtes un homme de gauche?
Oui plutôt, même si c’est à la mode aujourd’hui de dire que tout ceci n’a plus de sens. Il y a quand même beaucoup choses auxquelles je ne crois pas dans le discours de la droite. Je me retrouve dans Gilles Deleuze, qui disait “être de gauche, c’est être dans l’opposition au pouvoir sans vouloir le prendre”.

C’est Besancenot, qui porte ce costume...
Il fait partie des gens qui peuvent peut-être capter ma sympathie. Comme il y a eu des dérives sur l’utopie égalitaire jusqu’au polpotisme, les gens de droite disent: “vous voyez ce que c’est que le communisme.” Mais ce n’est pas le communisme, ce sont les dérives, qui sont à tancer. En fait, je serai prêt à militer pour la décroissance. On peut vivre très bien en ralentissant, en freinant, en se contentant de ce que l’on a sans courir après ce que l’on n’a pas. Demain, je pourrai tout perdre sans me trouver plus affecté que cela. Déjà, j’ai pas grand chose mais il me suffirait d’habiter une simple piaule et d’écouter un peu de musique pour être heureux. Je pourrais être  dans une pauvreté qui ne serait pas une misère.

C’est peut-être la vraie définition de l’épicurisme?
Peut-être... On a tendance à confondre épicurisme avec gourmandise. Les principes stoïciens sont bons, mais il ne suffit pas de les savoir pour vraiment les vivre. Intellectuellement, on sait tout.  Mais on ne vit pas forcément les choses. Les gens ont trop tendance à justifier leur caractère par une théorie.

Quels hommes vous ont-ils marqué durant votre carrière?
En trois ans de répondeur téléphonique à Nulle Part ailleurs, j’ai du voir défiler 1000 personnes. Outre Jean-François Deniau, Kurt Cobain m’a captivé. J’ai ressenti un petit trouble, une sympathie forte. On sentait qu’il était au delà des notions hiérarchiques.

Avez-vous des regrets?
Je regrette de ne pas avoir vécu assez longtemps dans un autre pays pour ressentir tous les aspects d’une double culture...