Pierre Lellouche: Dix ans avec Delanoë, c'est dix ans de trop
Décembre. 2011 \\ Par Jérôme Lamy

Pierre Lellouche dresse un réquisitoire sans concession des dix ans de mandat de Bertrand Delanoë. Du coup, le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur a enfilé les habits d’un candidat en puissance à la mairie de Paris.

Clin d’œil.- Le Gouvernement français a-t-il bien géré les événements de Tunisie ?
Il est toujours très facile ex post facto d’instruire des procès. La révolution tunisienne a été
très rapide et n’était pas forcément très facile à gérer. Aujourd’hui ma priorité, à la place qui
est la mienne, est d’aider la transition démocratique en assurant le maintien de nos entreprises
en Tunisie qui emploient 110.000 tunisiens chaque jour.

La Tunisie, c’est forcément important pour vous …
J’y suis né et j’y est passé les cinq premières années de ma vie. Cela m’a naturellement
beaucoup marqué et j’ai une affection toute particulière pour son peuple et pour sa douceur de
vivre.

Avez-vous été surpris par la rapidité de cette révolution ?
Oui, comme tout le monde, y compris les tunisiens eux-mêmes. Vous savez, à la veille de la
chute du Mur de Berlin, personne, y compris les Allemands ne savaient qu’il allait tomber le 9
novembre.

Etes-vous inquiet pour l’avenir de la Tunisie ?
Non, car depuis Carthage et les Phéniciens, la Tunisie a toujours été un pays de tolérance,
y compris religieuse. Avec Bourguiba, elle a été pionnière dans le monde arabe, s’agissant
de la libération de la femme, du planning familial, du droit de vote des femmes, elle a une
classe moyenne éduquée et moderne. Cela dit, elle n’a connu depuis son indépendance que
des régimes autoritaires, et elle doit aujourd’hui inventer sa propre démocratie, ses partis
politiques, un mode de gouvernement et des élections. De plus, son voisinage entre l’Algérie
et la Lybie n’est pas très simple … sans compter au sud une région, le Sahel, travaillée par
l’islamisme radical.

Nicolas Sarkozy a été confronté à l’épisode Michèle Alliot-Marie. L’impopularité du
Président est-elle injuste ?
La vie politique est par nature ingrate. Si on fait de la politique en espérant être populaire,
mon conseil est de faire autre chose. Winston Churchill et Charles de Gaulle, qui sont pour
moi des modèles d’homme d’Etat, ont gagné la guerre, l’un en sauvant le Royaume-Uni,
l’autre l’honneur et le rang de la France. Tous deux ont été remerciés, la première élection

Ca n’explique pas la défiance actuelle à l’égard du Président …
Aux effets de la crise, s’ajoutent, c’est vrai, les critiques quotidiennes à l’encontre du
Président de la République lui-même, le plus souvent moins sur sa politique d’ailleurs (voyez
la réforme des retraites qui est désormais entrée dans les têtes), que sa personne. Je suis
frappé par la violence des attaques personnelles. Certains journalistes sont allés jusqu’à le
traiter de fou, certains de ses adversaires politiques le comparent à Madoff ou à Hitler. De tels
excès ne sont pas dignes d’un débat démocratique. Bien sûr le Président de la République a
sa personnalité, et celle-ci est parfois ressentie étant en rupture par rapport à l’image que les
français conservent au fond d’eux-mêmes de la monarchie républicaine, dans laquelle après
d’autres François Mitterrand s’était coulé avec délice. Plutôt que s’en prendre à la personne
du Président, souhaitons dans l’intérêt de notre pays, un débat projet contre projet.

Comment expliquez-vous la montée des extrêmes ?
Je ne suis pas étonné par la montée du Front National. L’angoisse née de la crise, celle qui
résulte de la pression démocratique et des phénomènes migratoires forment le terreau sur
lequel se développe en France, comme d’ailleurs partout en Europe un important courant de
repli nationaliste souvent xénophobe et anti-européen. L’Europe est à la fois ouverte sur la
mondialisation et sur l’immigration. Cela crée partout le même sentiment d’insécurité et de
dépossession qui s’accompagne parfois d’un discours de repli nationaliste. Voyez la montée
de l’extrême droite en Suède, en Hollande ou la Hongrie qui veut rouvrir le Traité de Trianon.

Est-ce que Marine Le Pen vous fait peur ?
Elle ne me fait pas peur, mais à coup sûr elle fera beaucoup de voix. Raison de plus pour
ne pas faire du Front national le cœur de notre débat politique. Attachons nous au contraire
à répondre à l’angoisse des français notamment au plan de l’emploi et de la politique
économique.

Est-ce qu’un 21 avril à l’envers, avec Marine Le Pen au second tour face au candidat de la
gauche est une hypothèse plausible ?
Nous allons nous présenter unis à la présidence et nous allons remporter cette élection. J’y
crois avec force et convictions. Le premier tour sera une vraie difficulté pour la Gauche et
pour la Droite. La crise, les peurs dont je vous parlais vont amener beaucoup de gens à se
détourner de la gauche classique et de la droite modérée pour aller vers les extrêmes.

Est-ce qu’il faut empêcher Marine Le Pen d’obtenir les 500 signatures pour se présenter ?
Certainement pas. Nous sommes un pays démocratique.

Est-ce que le problème de la France, c’est DSK-Sarko ?
A ce stade, ni l’un, ni l’autre ne se sont déclarés. Cela dit le débat gagnera en clarté, dès
lors que nous aurons en face de nous un candidat de gauche et si possible avec un projet
cohérent. Pour moi qui passe du temps à vendre la France à l’étranger, le problème de
notre pays c’est la guerre économique mondiale. L’équation est simple : on ne créera aucun
emploi nouveau en France sur un marché intérieur atone. Nos emplois, c’est dans les parts de
marchés que nous allons conquérir à l’étranger, que nous allons les créer. Les habitants du 2e
arrondissement le savent bien. Beaucoup sont confrontés à la mondialisation, notamment dans
le secteur des services.

Lors des élections législatives de mars 1993 dans la circonscription de Sarcelles, vous aviez
battu Dominique Strauss-Kahn au second tour. Vous avez donc le mode d’emploi …
Oui, c’était ma toute première campagne et mon premier mandat législatif. DSK était alors
ministre de l’industrie et déjà très populaire. Mais mon souci était moins DSK que le Front
National – déjà ! Il me fallait d’abord éliminer le FN au premier tour avant d’espérer battre
DSK au second. Si je l’ai battu, c’est qu’il existe en effet des failles dans la cuirasse …

Quels sont les points faibles de DSK ?
Le principal, c’est le grand écart permanent qu’il entretient entre ce qu’il est vraiment, c'est-à-
dire un grand bourgeois, qui fait pleinement partie de l’élite de la mondialisation, et la réalité
sociale de classes populaires qui souffrent et qu’il entend incarner comme candidat de gauche.
C’est le grand écart entre la potion extrêmement amère qu’il inflige d’une main à l’Irlande
et à la Grèce, et les promesses de hausse de salaire que de l’autre il présente aux français. Je
n’oublie pas par ailleurs qu’il est l’inventeur des 35h, que nous payons tous les jours dans la
compétition internationale. Et puis DSK, c’est enfin l’archétype de la gauche caviar, et même
de la brouette de caviar.

La Droite peut-elle reprendre la main sur la Mairie de Paris ?
La Droite peut reconquérir Paris en 2014. Delanoë est déjà parti et la guerre de succession
est ouverte à gauche. Comme tous les maires en place, de droite ou de gauche, Delanoë jouit
d’une prime de popularité. Reste que son bilan n’est guère convaincant. A nous d’ouvrir ce
débat devant les Parisiens, en ayant l’honnêteté de reconnaître les points positifs, de nouveaux
modes de déplacement, des éléments festifs, comme Paris plage, mais en pointant aussi
les innombrables points négatifs à commencer par le logement, la propreté, la hausse très
importante des impôts, la faiblesse de la vie culturelle, l’insuffisance des modes de garde des
enfants, …

Mais la droite n’a pas su d’adapter à la nouvelle sociologie parisienne …
Vous avez raison, et pourtant cette population qui paie des loyers très élevés, jusqu’à 1.300
euros pour 30m² ou jusqu’à 10.000 euros le m² pour devenir propriétaire n’est pourtant pas
le cœur de cible idéal de l’électorat de gauche. C’est une population très éduquée, souvent
sophistiquée. A nous d’être capables d’incarner la modernité et l’ouverture au monde qu’elle
attend.

A Paris, comme à Lyon d’ailleurs, la droite n’y arrive pas …
La encore, c’est vrai. La droite française a un vrai problème avec les grandes villes. Mais
rappelez-vous, c’était l’inverse quand François Mitterrand était Président de la République.
Peut-être y a-t-il là un contrepoids induit de notre démocratie. Mais pour en revenir à Lyon,
le bilan de Collomb est très supérieur à celui de Delanoë à Paris. Prenez le développement
économique : je sais le travail de Collomb et de son équipe pour l’export, le développement
de l’entreprise et de l’emploi. A Paris, Delanoë n’en a rigoureusement rien à faire. En dix
ans à la tête de la Capitale de la France, il n’a articulé aucune stratégie de développement
économique de Paris, aucun positionnement d’avenir sur la science et la technologie, aucune
vision d’ensemble pour Paris dans l’ensemble régional Ile de France. C’est pathétique, si l’on
voit autour de nous les développements en cours depuis des années à Londres, à Berlin, à
Barcelone, aujourd’hui à Moscou, sans parler de Shanghaï, Tokyo ou de San Paulo. La vérité
est que Delanoë est un formidable communicant mais un médiocre bâtisseur. Il n’a pas la
vista pour être le patron de la Capitale de la France. Le paradoxe, c’est que lui et son équipe
sont incroyablement provinciaux et extraordinairement conservateurs. Le Grand Paris, c’est le
Président de la République qui l’a inventé, et c’est Huchon qui le gère avec le Gouvernement,
pas Delanoë. Quelle immense occasion ratée pour Paris que nous risquons de payer pendant
des décennies …

Doit-on faire le deuil d’un Paris populaire ?
Certes non. Une ville n’est qu’une ville que si elle sait être multiple et mixte. S’il existe
encore un Paris populaire, c’est beaucoup à cause des logements sociaux construits par
Jacques Chirac. Et puisque l’occasion m’est donnée de rétablir certaines vérités, dois-je
rappeler que le quartier piétonnier Montorgueil qui fait figure d’exemple de convivialité, d’un
nouvel urbanisme, plus humain et sans voiture, c’est quand même Chirac et Tiberi qui l’ont
crée. Paradoxe : les Verts de Mr Boutault se contentent de gérer l’héritage de Madame Taffin.

Pourquoi la gauche parisienne est-elle conservatrice ?
Parce qu’elle est adepte du phénomène que les anglais appellent NIMBY ( Not in my
backyard - « pas dans mon arrière cour »). On veut vivre à Paris mais sans les contraintes
d’une grande ville. Par exemple, les logements sociaux oui, mais pas à côté de chez soi,
on veut une vie nocturne, mais pas en bas de son immeuble. On veut une vie de quartier,
et profiter des terrasses de café, mais Delanoë multiplie les bataillons de fonctionnaires
municipaux payés pour mesurer chaque terrasse, chaque enseigne, et distribuer des PV.
Derrière ses terrasses, il y a des gens qui travaillent et qui créent des emplois. Je sais, j’ai été
élevé dans un petit restaurant du 9e.

Quelle est votre vision de Paris ?

Une ville, c’est d’abord un mélange humain. Au début du 21e siècle, Paris ne peut pas être
celui du périphérique dessiné par le Préfet Haussmann il y a 150 ans. Il faut donc envisager
la capitale dans l’ensemble humain de 12 millions d’habitants qui constituent ce qu’on appelle le Grand Paris. Il est quand même ahurissant qu’il est fallu attendre le Président de la
République et non le Maire de Paris pour ouvrir ce débat. Et je suis stupéfait qu’au bout de
dix ans, le Maire de Paris n’est toujours pas réuni autour de lui, comme l’ont fait bon nombre
de ses collègues, de Chicago à Shanghai, un conseil international d’hommes d’affaires ou de
scientifiques qui lui permettrait de positionner la capitale de la France sur la carte du monde
dans les 30 prochaines années.

Vous reprochez au maire de Paris d’être trop parisien en fait. Mais ce sont les Parisiens qui
élisent le maire de Paris …
Je lui reproche de ne pas être suffisamment parisien mais d’être au contraire un provincial
conservateur, il se donne de faux airs de modernité. Comment un parisien, de surcroît maire
de Paris, s’interdit-il de s’exprimer sur les accès à nos aéroports ? Comment un parisien
interdit la voiture sans augmenter l’offre de transports publics ou de taxis ? Comment un
parisien s’interdit-il de construire ? Montrez-moi une grue à Paris !

Il y a des grues aux Halles …
J’habitais 29, rue des Halles quand j’étais môme. Et mon immeuble hélas, comme les
magnifiques pavillons Baltard ont disparu dans « le trou ». Voilà dix ans, que Delanoë
patauge dans un projet incroyablement dispendieux – 1 milliard d’euros ( !), pour se payer
un caprice, une sorte de vilain auvent baptisé canopée. Dont la seule construction a nécessité
le geste sans précédent, dans une ville déjà trop peu verte, qui a consisté à abattre 350 arbres
au cœur de Paris, le tout dans le silence contraint de ses alliés écologistes. Le chantier des
Halles ressemble aujourd’hui à une zone de guerre, les riverains sont condamnés à des
années de travaux et de nuisances. Tout cela pour fabriquer un nouveau centre commercial
au grand bénéfice d’une grande société d’immobilier (Unibail). Et alors qu’il suffisait de se
concentrer sur le vrai sujet qui était de moderniser les gares souterraines et de se débarrasser
des pavillons Willerval. Quelle gabegie !

Etes-vous défavorable aux accords entre le public et le privé ?
Bien sur que non ! C’est ce que je fais chaque jour à l’export quand nous vendons des services urbains dans toutes les grandes villes du monde et c’est ce qu’il faut faire à Paris. Il est quand même curieux que Delanoë ait choisi le chemin inverse en augmentant les impôts - +25% en deux ans, tout cela pour recruter 10.000 fonctionnaires de plus en dix ans. L’alternative est pourtant évidente : augmenter les services sans faire payer les contribuables par le PPP (Partenariat Public Privé). Au passage, c’est exactement l’inverse que ce que Delanoë a fait avec le service du traitement des eaux qu’il a renationalisé alors même que nous disposons en France des meilleures entreprises reconnues comme telles dans le monde et qui exportent en Chine, aux Etats-Unis leur savoir-faire par le biais du PPP. Au final, que restera-t-il de Delanoë, pas grand-chose, si ce n’est de la com’.

Il va quand même rester le vent nouveau qu’il a fait souffler sur Paris notamment lors de
son premier mandat …
Le vent a soufflé en effet tellement fort qu’il a entraîné avec lui les classes moyennes qui ont
du déserter Paris. Permettez-moi de souhaiter que le prochain maire fasse moins de vent mais
s’attache plutôt à construire la ville du 21e siècle, à commencer par les logements qui nous
manquent tant, qu’il s’intéresse à l’emploi, à la science, à la création de richesses pour nos
enfants.

Mais Bertrand Delanoë a été encore plus largement élu pour son second mandat …

C’est vrai que nous n’avons pas su saisir l’occasion de cette élection pour nous renouveler au
niveau de nos propositions. Et c’est vrai aussi que nous avons continué à nous enliser dans des conflits de personnes. La vérité m’oblige à dire que le mécanisme des primaires qui avait été mis en place précisément pour stimuler un débat de fond et gérer les problèmes d’ambition
des uns et des autres a mal fonctionné, et qu’il a même laissé des traces négatives. Delanoë
a donc eu un boulevard devant lui. Pour ma part, je garde pourtant un assez bon souvenir de
ces primaires internes car elle m’avait permis de mieux connaître ma ville, au-delà de ma
circonscription, et d’ouvrir un certain nombre de débat utile, à commencer par le Grand Paris.

Bertrand Delanoë a également donné davantage de démocratie en donnant davantage la
parole aux Parisiens.
C’est en effet l’un des points positifs de son bilan que d’avoir mis en œuvre la loi de 2001
sur la démocratie de proximité qui a institué les conseils de Paris. J’avais d’ailleurs souhaité
que l’on aille plus loin à l’époque en proposant les référendums locaux, qui n’ont jamais été
mis en place par Bertrand Delanoë. Cela étant, j’ai l’impression que ces conseils de quartier
ont tendance à s’essouffler, qu’ils ont du mal à se renouveler et surtout à se faire entendre
puisque sur les grandes décisions, Delanoë en fait décide seul (voir les Halles), et la fameuse
consultation est bien souvent cosmétique.

Comment répondre à la crise du logement à Paris ?
Concernant le logement, l’effort du Gouvernement est important. L’Etat consacre à la seule
Ville de Paris 20% de ses crédits nationaux. Pour sa part, Bertrand Delanoë met 500 millions
d’euros mais il faut savoir qu’en raison de la hausse vertigineuse des prix de l’immobilier
dans la capitale, la Ville encaisse chaque année, un milliard d’euros en droit de mutation, ce
que l’on appelle les frais de notaire quand on achète un bien immobilier. Pourquoi le maire de
Paris ne consacre-t-il pas la totalité de ces revenus à la construction de logement ? Qu’est-ce
qui l’en empêche, plutôt que de préempter des immeubles occupés, ce qui aboutit à accroître
la rareté et la cherté des biens immobiliers dans la Ville.

Que reprochez-vous à la politique de préemption de la mairie de Paris ?
Elle s’apparente souvent à des coups de communication idéologique. L’exemple étant
d’instauré un statut HLM pour un immeuble occupé dans tel ou tel quartier chic. Mais cette
politique a aussi un effet dévastateur, notamment sur les classes moyennes qui se trouvent
du jour au lendemain chasser de l’immeuble qu’ils occupent parce que « trop riches » pour y
demeurer.

Quel rôle entendez-vous jouer, à Paris, dans les prochains mois ?
D’abord donner l’exemple de l’unité. A l’issue du redécoupage électoral, ma circonscription
(8e et 9e arrondissements) a été augmentée de deux arrondissements du centre (les 1er et 2e).
Nous allons donc passer à une circonscription de près de 130.000 habitants au cœur de Paris
qui s’étendra des Halles à l’Etoile, de la Seine à Pigalle. Une circonscription magnifique
où j’ai vécu l’essentiel de ma vie, dans le 1er, dans le 9e et aujourd’hui dans le quartier de
la Madeleine dans le 8e. Ma priorité dans un premier temps a été de fabriquer de l’unité au
niveau des élus et des militants de ma famille politique, ce qui a été fait avec succès, puisque
désormais tous les élus locaux de la droite et du centre travaillent à mes côtés, Jean-François
Legaret dans le 1er, Christophe Lekieffre dans le 2e, François Lebel dans le 8e, Delphine
Bürkli dans le 9e. Je m’investis au niveau des habitants des 4 arrondissements, sachant qu’il y
a énormément de similitudes entre la sociologie des 9e et 2e arrondissements et entre les 1er et 8e arrondissements.

Que pensez-vous du problème rencontré par les établissements de nuit ?

C’est une question sur laquelle j’ai beaucoup travaillé dans les 8e et 9e arrondissements. La
politique de la nuit ramène à l’identité d’une ville, à savoir du vivre-ensemble. Et le rôle d’un
maire est de faire vivre les personnes ensemble, pas de les dresser les uns contre les autres.
Paris a besoin d’une vie nocturne, également facteur d’emplois dans les secteurs du tourisme,
de l’hôtellerie, de la restauration et du monde du spectacle. J’ai donc beaucoup travaillé avec
Bruno Blanckaert, directeur du Rex, depuis longtemps sur ces questions et notamment sur
l’organisation des Etats-Généraux de la Nuit en reprenant notamment l’idée d’un référent
de nuit dans chaque commissariat. Une fois encore, le moins que l’on puisse dire, c’est que
Delanoë ne s’est pas beaucoup investi dans ce dossier, il est vrai, électoralement sensible.

Avez-vous une réponse au problème de trafic de stupéfiants place Goldoni ?
C’est insupportable ! Les habitants avaient demandé que des bancs ne soient pas installés sur
cette place. Une solution rapide serait de les supprimer. Mais le problème est lié au CSST
(Centre de soins spécialisés pour toxicomanes), situé à quelques mètres de la place Goldoni,
au 110, rue Saint-Denis. Forcément, l’offre n’est pas loin de la demande … D’où ma forte
réticence quant à l’implantation de ce type de structure dans un quartier résidentiel.

Quelle est votre fierté comme député ?
Ma première, d’avoir fait voter à l’unanimité, deux lois qui portent mon nom, et qui ont
hélas trouvé à s’appliquer, l’une qui double les peines en cas d’agressions ou crimes à
caractère raciste ou antisémite, l’autre qui institue le même dispositif s’agissant des violences
homophobes. N’en déplaise d’ailleurs à la propagande véhiculée par certains élus Verts, dont
le Maire du 2e, je reste celui qui a ouvert le débat sur l’homoparentalité à l’UMP.
Mon autre fierté est d’avoir travaillé un an durant en Afghanistan pour mettre au point à
côté de notre dispositif militaire, un ensemble d’aides pour la population en matière de santé,
d’éducation et de développement agricole notamment.

Avez-vous un regret ?
Un de mes grands regrets de parisien, c’est qu’on ait supprimé les pavillons Baltard. A
Londres, on les a conservé et on a su réinventer un quartier extrêmement sympathique à
Covent Garden. Les Halles, c’était la vie, comme une ville qui n’éteint jamais la lumière.
Mes parents allaient faire les courses pour le restaurant à 4h du matin. Par nostalgie, je vais
souvent à Rungis respirer l’air d’autrefois.