Olivier Cadic: de l’électronique à la bande dessinée, la réussite d’un self-made man...
Août. 2015 \\ Par Jérôme Lamy

OLIVIER CADIC EST UN VISIONNAIRE AVEC UN TEMPS D’AVANCE PERMANENT SUR LA CONCURRENCE

Petites économies et grandes idées, Olivier Cadic entre sur ses deux jambes dans le monde du business. Self-made man dans l’industrie de l’électronique, de la presse et de l’édition, il a tout juste 20 ans quand il crée Info Elec (1982), une société spécialisée dans le DAO (Dessin assisté par ordinateur). «A l’ouverture du compte, le banquier m’a dit : ‘surtout, ne venez pas demander d’argent’...» se souvient Olivier. Il n’en aura pas besoin. En quelques années, Info Elec casse le plafond de verre et associe son savoir faire aux grandes réalisations françaises : avion Rafale, char Leclerc, TGV, fusée Ariane... En étroite collaboration avec son coach américain, Robb Bussel, Olivier Cadic place la collégialité des décisions comme une norme de fonctionnement indéfectible. «Je décidais trop et mes équipes ne remettaient pas suffisamment en cause mes orientations...» explique celui qui a fait du management partcipatif une de ses marques de fabrique, en politique. Son succès dans l’électronique lui donne des idées et une mission. En lançant le magazine Pistes & Pastilles (1995), Olivier s’impose comme le porte drapeau d’une industrie électronique dont ses éditos iconoclastes et engagés ne cessent de pointer la fragilité face à une mondialisation galopante. Surtout, il ouvre son carnet d’adresses et ses colonnes aux grands décideurs économiques et politiques comme Roland Moreno, Yvon Gattaz, Pierre Gattaz ou Jean Arthuis. «J’ai rencontré Jean Arthuis pour la sortie de son livre, Dans les coulisses de Bercy» explique Olivier. «Il n’y avait pas l’épaisseur d’une feuille de cigarette entre ses idées et les miennes.» L’influence de Pistes & Pastilles dépasse, très rapidement, les frontières de la filière électronique. Elle s’étend à l’ensemble du secteur industriel dont le média devient le meilleur avocat. La notoriété d’Olivier Cadic est d’autant plus importante qu’il enfile le costume de précurseur, de visionnaire et de pionnier de la délocalisation. En transférant le siège social de son entreprise à Ashford, il appuie là où ça fait mal. Et le fait savoir. «Je pars contre mon gré et le faire sans bruit me donnerait l'impression de déserter» dit-il lors d’une conférence de presse où il érige le poids des charges sociales patronales comme l’ennemi absolu de la compétivité. Sa route croise à nouveau celle des politiques: sur les plateaux télé. Là, il affronte l’ensemble des personnages publics aussi opposés que Jean-François Copé ou Arlette Laguillier. Son talent n’a d’égal que la justesse de ses arguments. C’est Outre-Manche qu’il sauve son entreprise, c’est également là-bas qu’il développera tous ses nouveaux projets, notamment l'association La France libre... d'entreprendre, boite à outils idoine pour donner de l’espoir aux capitaines d’industrie et occuper l’espace médiatique. Ainsi, l’association affrète, en 1998, un Eurostar pour déplacer des centaines d'entrepreneurs et la presse pour une journée de conférences, à Ashford, dans le Kent. Bercy ne peut plus faire la sourde oreille, et son ministre de l’économie, à l’époque, Dominique Strauss-Kahn crée une « exit-tax » par la loi de Finances 1999, que Le Figaro baptise Loi Cadic. Après l’annulation de la disposition d’Exit Tax en 2003, par la Cour Européenne, Olivier Cadic met l’Association en sommeil. Chez cet homme hors-norme, il y a un souci de changer de direction une fois la mission remplie pour ne pas sombrer dans la facilité. Au même moment, il cède Info Elec en 2003 avant de se désengager de la start-up PCB007.com, marché virtuel mettant en relation acheteurs et vendeurs de circuits dont la création l’avait obligé à lever 10 millions d’euros. Avec la cession du magazine Pistes & Pastilles, Olivier Cadic tire sa révérence à l’électronique et force les portes de la bande dessinée. Cinebook, sa société anglaise, commercialise les plus célèbres bandes dessinées franco-belges en version anglaise. En seulement 3 ans, il a publié trois fois plus de Lucky Luke en anglais que ce qui avait été fait en 50 ans.