La visite du sénateur Olivier Cadic au Maroc
Août. 2015 \\ Par Jérôme Lamy

Il y a un vrai point commun entre les sportifs et les hommes politiques, en début de carrière. Il est facile de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie. Pour avoir suivi Olivier Cadic, sénateur représentant les Français établis hors de France et membre fondateur de l’UDI (Union des Démocrates et Indépendants), lors de son déplacement au Maroc, on peut parier, sans prendre de gros risques, qu’il possède toutes les qualités pour occuper les fonctions les plus prestigieuses et prétendre à des portefeuilles ministériels. Pour être plus précis, on imagine mal le futur candidat de la droite républicaine française partir au front, pour l’échéance présidentielle de 2017, sans mettre Olivier Cadic, en première ligne.
De Marrakech à Rabat, de Fès à Casablanca, Olivier Cadic a séduit ses interlocuteurs. Probité et volonté, dynamisme et pragmatisme, il s’est engagé sur chaque dossier, chaque rencontre sans arrière-pensée partisane dans la seule recherche du consensus. Le sénateur est de la race des politiques qui envisagent la chose publique sinon comme une dévotion à tout le moins comme une mission. Et s’il ne considère pas seulement la politique comme une profession, c’est sans doute parce que son parcours de chef d’entreprise ô combien réussi lui offre non seulement une authentique expertise économique mais aussi et surtout un avenir confortable loin du champ politique. «Il s’implique, il suit les dossiers et ça me plait» résume Pascal Capdevielle, seul élu consulaire UDI du Maroc, dans la plus grande circonscription qui s’étend de Fès à Oujda.
Reste que c’est sans doute sa simplicité et son sens approfondi de l’écoute qui ont le plus étonné ses interlocuteurs, au premier rang desquels, on citera Hamid Benthahar. Le Président du Conseil Régional du Tourisme de Marrakech et Directeur Général du pôle luxe d'Accor (Sofitel, Pullman, M'Gallery) Afrique et Océan Indien, élu « Personnalité de l'Année du Tourisme 2014», loue «l’humilité d’Olivier Cadic».
C’est Eric Gérard, Consul Général de France, à Marrakech qui s’est chargé d’organiser la rencontre, au Sofitel Palais Impérial, à Marrakech, entre Hamid Bentahar et Olivier Cadic, co-président du club parlementaire France Terre de Tourisme. «Il est important de voir comment travaillent les autres et surtout de voir où ça marche» explique ce dernier.
A Marrakech, le tourisme a le vent en poupe. ça n’a pas échappé à Olivier Cadic. Pas davantage que le rôle de catalyseur et d’initiateur joué par Hamid Bentahar dans cette renommée internationale. Dire que l’élu UDI n’a pas regretté sa réunion à bâtons rompus avec ce dernier est un vrai euphémisme. «Hamid Bentahar m’a donné une leçon de stratégie touristique et de management» assure Olivier Cadic. «Il a tout compris, tout analysé. Et en plus, il a les mots pour le dire. Il m’a lâché des indicateurs qui sont des vrais marqueurs. J’ai visité Marrakech avant et après ma rencontre avec Hamid Bentahar. Et je dois avouer que ma vision a été totalement différente. Ses propos ont été validés par notre guide au regard du tourisme interne et de l’authenticité.»
Autant d’expertises et de résultats ont donné des idées à Olivier Cadic. Il aimerait organiser l'audition au Sénat, à Paris, de Hamid Bentahar, qui vient d’être reconduit, à l’unanimité, à la présidence du CRT de Marrakech. «Son point de vue et sa vision du tourisme à l’horizon 2020 sont une mine d’or inestimable» précise Olivier Cadic, captivé par le Plan Azur marocain qui parie sur les stations balnéaires de Saïdia, Mazagan Beach Resort, Port Lixus, Mogador Essaouira, Taghazout Bay et Plage blanche-Guelmim. «A trop se reposer sur ses certitudes, la France se met, parfois, en danger. Il est temps de s’ouvrir aux réussites extérieures. Les Espagnols tirent plus de revenus que la France du tourisme. Ce n’est pas normal. Le tourisme n’a jamais été une priorité pour Nicolas Sarkozy. C’était une erreur. Ce n’est pas une priorité pour François Hollande. C’est toujours une erreur.»
Olivier Cadic a, également, été étonné par l’effervescence de la Place Jema Effna et par la fréquentation locale qui dope le lieu et séduit la clientèle étrangère comme la limaille est docile à l’aimant. Il n’y avait qu’un pas pour comparer cette place mythique avec les Champs-Elysées. Olivier Cadic n’a pas hésité à le franchir. «Pourquoi les Marocains fréquentent la Place Jema Effna alors que les Français boudent les Champs-Elysées?» lance Olivier Cadic. «Cette question est essentielle. Les Marocains vivent et font leurs courses dans les souks de la medina. C’est d’ailleurs là que notre guide avait acheté sa djellaba. En terme d’authenticité, on peut difficilement placer la barre plus haute. En France, quand on parle de coins à touristes, ça fait fuir les Français. Et pourquoi les touristes iraient où les Français ne vont plus? Combien de Français achètent leurs sacs ou leurs chaussures sur les Champs-Elysées? Aucun... Forcément, ça finit par venir aux oreilles des touristes. L’enjeu, c’est d’abord de vendre son pays aux autochtones» Il ne s’agit pas seulement de communication ou de marketing. Il est aussi question d’amour. «Il faut aimer son pays pour le promouvoir» confirme Olivier Cadic. «J’aimerais que les Français résidant au?Maroc donnent l’envie aux Marocains de visiter la France, une région, de leur cœur. J’aimerais développer cela avec les Français de l’étranger. J’aimerais que la France s’inspire de la solidarité des villes marocaines. A Marrakech, à Agadir, à Essaouira, à Tanger ou à Fès, tout le monde tire dans le même sens, les uns avec les autres, pour l’avenir du tourisme national.»

C’est à Fès qu’Olivier Cadic a poursuivi son périple. Dans la ville impériale, Pascal Capdevielle, Président de la bienfaisance de Fès et véritable personnage emblématique de la ville, avait organisé une réception dans son riad, le Ksar de Fès, réunissant des dizaines de personnes issues de la communauté française autour de Sandrine Tranchet, consul honoraire de Oujda et Gilles Bourbao, consul général de Fès. Forcément, le sujet épineux des problèmes de scolarité s’est invité entre le thé à la menthe et les pâtisseries marocaines. «Les parents d’élèves m’ont fait part de leur désir de la création d’un lycée français à Fès» dit Olivier Cadic. «Lors de mon déplacement, j’ai visité le groupe scolaire La Fontaine qui accueille les enfants de la moyenne section (4 ans) jusqu’en troisième. Une fois en classe de troisième, les élèves appréhendent la suite de leur scolarité. Ils veulent aller au lycée, mais ils ne veulent pas aller en internat. Pourtant, pas d’échappatoire possible, puisque le lycée français de Meknès se situe à 45km de Fès. Lorsque j’ai brièvement raconté à ces enfants l’histoire du plan Ecole de Londres, ils m’ont répondu en cœur : ‘ Faites-le à Fès, monsieur ! ‘» A Londres, Olivier Cadic, alors conseiller consulaire et président de la section britannique de l’Union des Français à l’Etranger (UFE), a acquis une belle notoriété et une grande respectabilité grâce à son Plan École qui a permis la création de deux nouveaux lycées français. En un an, il a validé le principe et obtenu l’adhésion de tous, au delà des clans partisans. En huit ans, il a levé pas moins de 120 millions d’euros ! «A Londres, nous n’avions pas créé d’école secondaire depuis 1917» explique Olivier Cadic. «Les 4000 places du lycée Charles de Gaulle, pourtant l’un des plus grands du monde, ne suffisaient plus à répondre à la demande d’enseignement français. Dans le cadre du Plan École, nous avons conçu un partenariat inédit entre l’administration et le privé .» Résultat épatant: le 11 février 2011, l’ambassadeur Maurice Gourdault-Montagne posait la première pierre du Collège français bilingue de Londres (CFBL). Après les 600 nouvelles places du CFBL, le fameux Plan a permis de doubler la mise grâce au lycée international de Londres qui va accueillir 1300 élèves, dès septembre 2015, dans un bâtiment rénové à Brent, non loin du stade Wembley. «Il est toujours difficile de copier-coller des projets mais je peux d’ores et déjà affirmer que la création d’un lycée à Fès est un des grands défis de mon mandat de sénateur» lance Olivier Cadic. «Pascal Capdevielle qui sera mon véritable relais et mon correspondant permanent, au?Maroc, va réunir, très vite, toutes les énergies.»

Si Fès se développe plus vite que Meknès, il y a 1200 élèves à Meknès contre 700 dans la ville de Fès. «C’est anormal» dit Pascal Capdevielle, né à Fès et dont la famille est fassi depuis trois générations. «J’ai vécu cette situation, et j’ai choisi de faire mes études secondaires en France plutôt qu’à Meknès. La France ou Meknès, c’était la même punition, c’était l’éloignement du domicile familial. Du coup, Je n’ai pas vu mes parents pendant mon adolescence. J’en ai bavé et je ne veux pas que d’autres enfants vivent les mêmes souffrances à un âge où on a besoin de la présence de ses parents. C’est pourquoi la création d’un lycée à Fès est la priorité. On nous dit que si on fait un lycée, à Fès, on va tuer Meknès. Cet argument n’est pas recevable. Je ne peux pas l’entendre. Les établissements scolaires gagnent de l’argent. Ce n’est pas un problème financier, c’est un problème politique. On nous propose seulement d’agrandir le groupe scolaire La Fontaine, c’est à dire de faire plus de malheureux. L’état du lycée français, c’est aussi l’image de la France que l’on véhicule.»
Le rayonnement de la France passe aussi par la gestion des problèmes sociaux de ses ressortissants et notamment des retraités. C’est un des thèmes qu’Olivier Cadic a abordé lors de sa rencontre, à Rabat, avec Charles Fries, l’ambassadeur de France au Royaume, et à Marrakech, avec Eric Gérard, le Consul Général de France. «Les problèmes sociaux sont légions» reconnaît Olivier Cadic. «Il y a un vrai souci lorsque les gens se retrouvent en situation de précarité et de dépendance. La mise sous tutelle, par exemple, n’est pas reconnue juridiquement, au?Maroc. Il convient donc de prendre ses précautions avant de quitter la France. Certains coupent complètement les liens avec la France et sont à la dérive» Et Olivier Cadic de louer le travail de terrain, réalisé au quotidien, par Eric Gérard, à Marrakech: «Il tient parfaitement son rôle de diplomate, d’animateur, d’accompagnateur des projets économiques de nos ressortissants. Et surtout, il se démultiplie pour jouer un rôle essentiel de veille sociale.»
A Casablanca, pour la dernière étape d’Olivier Cadic au Maroc, il a moins été question de problèmes de précarité ou de tourisme que des questions économiques.?Lors de sa rencontre avec Gilles Favray, Consul Général de France, à Casablanca, le Sénateur n’a pas manqué d’aborder le thème de l’obtention des visas pour les entrepreneurs marocains. «Il ne serait pas normal que ceux qui veulent faire du business, en France, soient contraints de faire la queue au consulat» précise Olivier. Après une pause au Lycée Lyautey - «un fleuron de l’éducation française à l’étranger» -, Olivier Cadic a visité l’Institut Français de Casablanca et salué «le travail de promotion de la langue française».

Accompagné par Pascal Capdevielle, qui œuvre pour le lancement d’un grand club UDI, à Fès, il a également rencontré Jean-Marie Grosbois Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Casablanca et son directeur, Philippe Confais. Il a également loué le rôle majeur de la Chambre de Commerce et d’Industrie auprès des entreprises françaises. «Cette visite restera un grand moment» avoue-t-il. «Non seulement, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Casablanca est la plus grande chambre de commerce à l’étranger mais j’ai pu également mesurer combien les entrepreneurs français avaient le souci de créer des partenariats avec les entreprises locales dans un profond respect des traditions. Avec beaucoup d’humilité, ils essayent de participer à la modernisation de l’économie marocaine. ils m’ont rendu très fier, à l’image d’Alexandre Leymarie, le patron du Beldi Country Club, à Marrakech et El Jadida. Ce n’est pas la France, au Maroc. C’est la France, dans le Maroc.»
Olivier Cadic parle aussi du rôle de la France, en Afrique, et met ses pas dans ceux de Jean-Louis Borloo et de sa fondation Électricité pour tous en Afrique. «L'obscurité appelle l'obscurantisme» paraphrase Olivier Cadic. «L’électrification de l’Afrique, c’est 3% de croissance pour l’Europe. L'électricité partout et pour tous est le facteur déterminant la stabilité en Afrique. Si l'on continue comme cela, que va-t-on faire? Dresser des murailles entre l'Afrique et nous, pour empêcher l'arrivée des réfugiés climatiques et des enfants de la grande pauvreté? Il ne faut pas attendre que les bateaux de réfugiés s’échouent sur nos côtes pour trouver des solutions. Le destin de l'Europe et de l'Afrique est lié.»
Aux Français résidents d’Afrique, qu’Olivier Cadic appelle la 3e France, d’être «nos éclaireurs...»