Jean-François Lamour: Delanoë est affaibli
Février. 2009 \\ Par Jérôme Lamy

Jean-François Lamour, président du groupe UMP au Conseil de Paris, dresse un bilan sans concession des années Delanoë. Service minimum à l’école, fiscalité locale, logement, démocratie interne, et communication, l’ancien Ministre des Sports égratigne le maire de Paris dont il dénonce “l’aveuglement et l’autisme.”

Clin d’Oeil.- Quel est l’état de santé de la droite parisienne?
Jean-François Lamour.- En ordre de bataille, je vous rassure. Après les dernières municipales, il faut avouer que le coup a été rude. Ces dernières élections nous ont laissé dans une situation particulière. Si on n’a pas regagné Paris,  l’essentiel a été préservé : nous n’avons pas perdu d’arrondissement, alors que certains annonçaient le basculement à gauche de bastions historiques comme le 1er et le 5e.  Mais nous avons une nouvelle page à écrire et il faut nous organiser dans des arrondissements comme le 2e ou le 20e, où nous manquions de forces vives. Depuis le Conseil de Paris du mois de décembre au cours duquel nous avons porté le fer au sujet de la fiscalité locale, nous sommes entrés dans une nouvelle dynamique. En quittant l’hémicycle lors de la présentation par le maire de Paris d’un projet de décentralisation tout ficelé, nous avons aussi rappelé avec force que le Conseil de Paris n’était pas une simple chambre d'enregistrement et qu’il devait être le théâtre d’un débat au cours duquel les idées de l’opposition devaient au moins être écoutées, discutées voire prises en compte. Le rôle de l’opposition se conforte, nos angles d’attaques sont solides. Reste à accomplir l’essentiel, c’est à dire bâtir le projet alternatif, renforcer l’équipe actuelle pour préparer 2014.

Bertrand Delanoë va bientôt fêter l’anniversaire de sa réélection. Avec le recul, comment expliquez-vous cette défaite?
Malgré tous les efforts de Françoise de Panafieu, comme des têtes de liste dans chaque arrondissement, notre projet, en dépit de propositions novatrices pour Paris, n’a pas réussi à être suffisamment perçu. Après les élections présidentielles et législatives, il y a eu une période de respiration,  qui est plutôt propice à la valorisation du sortant plutôt qu’à l’expression d’un projet alternatif. Il faut également préciser que la mairie de Paris est une grosse machine très centralisée. Bertrand Delanoë avait donc entre les mains un outil incroyable non seulement par sa proximité avec les 50000 agents de la ville mais aussi avec son budget de 7 milliards d’euros... 

La droite parisienne ne possède toujours pas de leader clairement identifiable. Est-ce dommageable?
C’est une évidence, il nous faut un leader qui sache incarner les aspirations des Parisiens. Nous avons le temps d’ici 2014.

Le futur candidat à la mairie de Paris doit-il être issu du Conseil de Paris ou du gouvernement?
A mon sens, la question du leadership est prématurée. Si un membre éminent du gouvernement se dit qu’il  a un vrai défi à relever à Paris et qu’il se jette suffisamment tôt dans la bataille, nous aurions tort de nous priver de ses compétences. Le groupe ne manque pas non plus de talents. Mon unique objectif est précisément de les mettre en valeur et d’harmoniser toutes les différentes personnalités du groupe, leurs forces et leurs richesses. Il est de toute façon beaucoup trop tôt pour répondre vraiment car on ne sait pas qui sera présent en face du candidat UMP. Delanoë dit qu’il ne se représentera pas, c’est à voir... Il adoube Anne Hidalgo comme son héritière légitime au trône mais je ne crois pas que les personnalités de gauche l’entendront de cette oreille. Avant de penser aux hommes, on doit réformer notre logiciel et nos idées. Un leader sans projet est immédiatement soumis à une pression médiatique et des critiques sans possibilités de réponse.
Quel rôle entendez-vous jouer?
Je ne serai pas candidat aux primaires pour des rasions personnelles et de parcours mais j’entends jouer un des tous premiers rôles dans cette reconstruction et dans cette reconquête. Je suis un vrai Parisien, né à Paris de parents parisiens et de grands-parents parisiens : ma vie politique est à Paris. Je veux continuer mon combat au service des Parisiens.

Comment est né votre engagement politique?
Si en 1993, après ma carrière sportive et professionnelle, Jacques Chirac ne m’avait pas demandé de devenir son conseiller sportif à la mairie de Paris, j’aurais peut-être fait autre chose. Je ne vous cache pas que je voulais alors m’engager en politique depuis quelque temps, mais je ne savais pas exactement de quelle façon et pour quel combat. J’avais un métier, kinésithérapeute, et toutes les portes étaient ouvertes, notamment à Lyon d’où est originaire ma femme.

Vous êtes un intime de Jacques Chirac. A l’instant de rénover la droite parisienne, est-ce un handicap?
D’abord, je ne me permets pas de dire que je suis un intime de Jacques Chirac. J’ai une affection toute particulière pour lui et un respect total. Pour autant, Nicolas Sarkozy m’épate de jour en jour. Certains peuvent le critiquer mais son action, son dynamisme et sa détermination sont indispensables pour le pays. Je ne me sens donc pas enfermé dans une logique ou dans un quelconque héritage. Le Paris actuel n’est plus le Paris de Jacques Chirac. La sociologie des parisiens a changé. J’ai beaucoup appris aux côtés de Jacques Chirac et j’apprends tout autant en observant Nicolas Sarkozy. Mon lien avec Jacques Chirac n’est pas un handicap. C’est même un avantage à condition de ne pas s’enfermer dans des vielles manières de gérer Paris, qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui.

Lynda Asmani, élue UMP du 10e, vous a qualifié “d’enfant gâté de la politique”  cet automne. Ces querelles sont-elles enterrées?
L’incident est définitivement clos.  Je m’en suis expliqué avec Lynda. Pour autant, quand on appartient à un groupe et quand on entend y jouer un rôle important, il faut éviter de se lancer dans des propos excessifs. Il ne faut pas oublier que lorsque je me suis présenté à la présidence du groupe UMP, mon expérience de ce type de management était faible. Mais j’apprends. D’ailleurs, j’aime cette démarche d’apprendre. Il m’a fallu un moment pour appréhender la palette très large des humanités et des histoires, qui constituent le groupe.
La droite avait également fait preuve de sa division au sujet des tours de 50 mètres dédiées au logement social. N’est-ce pas un peu gênant?
Le courant Pari Paris, tendance jeune et nouvelle, avait signé une tribune dans Le Monde qui avait été mal interprétée sur la forme alors que sur le fond, nous disions tous la même chose. Des maires de droite comme de gauche ne cessent de se féliciter de la destruction de semblables barres dans leurs communes. On ne peut pas sérieusement empiler et concentrer les problèmes sociaux sur 50 mètres de hauteur... Toutes les villes de banlieue en ont payé la note. Et le maire de Paris ne trouve rien de mieux que de réitérer cette erreur, c’est assez hallucinant. Ce positionnement confine à l’autisme. Delanoë n’écoute personne et s’enferme dans son objectif de 40000 logements financés. Il est englué dans ses certitudes et ses convictions. Il a dit récemment que le pouvoir isole et force est de constater qu’il est dans cette situation là !

Quel bilan tirez-vous du premier mandat de Delanoë et du début du second?
Il a terminé un mandat sans souffle, vantant tour à tour soit  Paris Plage, soit Les nuits blanches et il a commencé le second sans davantage de souffle. Il faut dire qu’il a articulé et positionné toute sa campagne - dont le seul fait saillant aura été Autolib’? -, non pas à l’aune de l’élection parisienne mais à celle du PS. Tous ses actes après sa victoire ont été pesés au trébuchet des militants socialistes. Ses altermoiements au sujet du Service minimum à l’école en sont le meilleur exemple. Delanoë voulait en effet voguer vers d’autres cieux en prenant la tête du PS. Il a été ramené brutalement à la réalité après un échec retentissant puisqu'il n’a même pas réussi à obtenir la majorité dans sa propre fédération ! Il avait des ambitions nationales, il n’est même pas arrivé à passer les limites du périphérique! Pour poursuivre le bilan, je dirais que le maire de Paris a pris la fâcheuse habitude de jouer de sa proximité physique avec l’Etat, qui est à sa porte. Quand tout va mal, Bertrand Delanoë se décharge de ses échecs sur l’Etat. Par exemple, je ne comprends pas pourquoi l’Etat serait responsable de son échec sur l’accueil de la petite enfance. 15000 places en crèches ne sont pas pourvues et ce serait la faute de l’Etat. Idem pour le logement : il y a 110000 demandes non satisfaites et ce serait aussi à cause de l’Etat, qui n'en ferait pas assez. A l’évidence, Bertrand Delanoë est très affaibli politiquement.

Vous avez dénoncé assez vertement l’obstruction de Delanoë pour le Service minimum à l’école...
Voilà encore un bel exemple de l’hypocrite dont Bertrand Delanoë fait constamment preuve. Il est d’accord fin août pour appliquer le Service minimum à l’école et il se ravise une fois réélue pour jouer la carte d’ un ancrage à gauche, dont le seul but était de faire oublier sa bourde sur le libéralisme et de se démarquer de l’OVNI Ségolène Royal, qui flirtait avec le Modem. C’est assez pitoyable pour le maire d’une Capitale, qui a essayé d'expliquer qu’il ne pouvait pas solliciter suffisamment de personnels pour l’accueil des enfants. Vous ouvrez une porte, il dégringole des animateurs détenteurs du BAFA autant que vous voulez. A Paris, les parents sont dans l’obligation de travailler car tout coûte extrêmement cher. Personne ne peut se permettre de rater une journée de congés pour garder ses enfants. C’est également prendre les parents pour des imbéciles de leur dire que lorsqu’ on garde leurs enfants, on casse une grève...?Il faut aussi savoir que l’ineffable Pascal Cherki, le porte voix de Delanoë sur le sujet, occupe l’essentiel de son temps à faire du militantisme à destination du corps enseignant. Ces obstructions sont un déni de démocratie. Même Anne Hidalgo a appelé à la désobéissance civile. C'est un débat et des propos d’un autre temps. On a l’impression d’être revenu à l’époque du front populaire. C’est surtout à mille lieux de ce que vivent les Parisiens, en période de crise...
Vous avez qualifié Delanoë de mauvais gestionnaire en dénonçant l’augmentation de la fiscalité locale... Est-ce que vous confirmez vos propos?
Augmenter les impôts locaux de 9% dans le contexte économique actuel, il fallait oser, Bertrand Delanoë l'a fait. S’il avait augmenté les impôts de 4%, on n’aurait peut-être pas applaudi des deux mains, mais on ne serait pas montés au créneau. On aurait pu comprendre. En plus, c’est faux de parler de 9% car le maire de Paris créée une taxe départementale foncière de 3%, il faut donc parler de 12% d’augmentation, et les taux, en pourcentage, n'expriment pas la réalité de la facture. Si vous êtes propriétaire de votre appartement à Paris, la taxe foncière va augmenter de 50% en septembre prochain. Je n’imagine pas les propriétaires bailleurs ne pas impacter cette hausse dans les prix des loyers, déjà si élevés. Si Bertrand Delanoë augmente à ce point la fiscalité locale, c’est qu’il a été complètement imprévoyant. Il a bénéficié pleinement de la spéculation immobilière. Il a en effet perçu tous les ans depuis 4 ans 900 millions d’euros de droit de mutations foncières. Mais qu’a t-il fait de cet argent? Il a investi plusieurs milliards de façon hasardeuse dans des travaux de voirie, dans le recrutement massif  de personnel avec pas moins de 10000 agents supplémentaires lors de la seule première mandature. Force est pourtant de constater que le service aux Parisiens n’est pas meilleur puisque Delanoë reconnaît lui-même, dans son propos sur la décentralisation, qu’il faut améliorer le service aux Parisiens.  Il aurait fallu investir dans la création d’entreprises, dans la recherche, dans l’enseignement, ce qui nous aurait permis de de créer des richesses à redistribuer aux Parisiens. Au contraire, nous assistons à une évasion des talents. Les grandes entreprises à forte valeur ajoutée quittent en effet Paris pour s’installer en périphérie. Mais attention, l’augmentation n’est pas terminée, puisque le maire de Paris a annoncé également une hausse de 9 à 10 % pour 2010. Sa mauvaise gestion ne lui laisse pas d’autres choix. C’est une trahison faite aux Parisiens alors que le coût de la vie (loyers, déplacements) est de 20 à 30% plus cher qu’ailleurs. Bertrand Delanoë est enfermé dans une logique de certitudes. Je souhaite que les Parisiens nous entendent car ils vont subir de plein fouet les effets de son aveuglement.

Il y a une vraie crise du logement à Paris, qui devient un ghetto pour résidents aisés et étrangers. Est-ce que cette mutation est inéluctable?
Il faut que l’effort sur la création du logement ne soit pas réparti sur Paris, mais à l’échelle d’une métropole. En se concentrant sur le logement très social et en refusant les logements intermédiaires ou l’accession sociale à la propriété, Delanoë cumule une succession d’erreurs qui ajoute à la rareté du m2, en particulier au centre de Paris, et à l’impossibilité des primo-accédants de se loger à Paris. Nous appelons à la création de logements pour ceux qui travaillent à Paris dans les petits commerces de proximité par exemple. Ceux qui travaillent à Paris doivent pouvoir y vivre. Le maire de Paris réserve les logements à des personnes très aidées qui ne travaillent pas. Je ne dis pas que ces personnes ne doivent pas vivre à Paris. Mais je dis que les autres ont autant de droit qu’eux et qu’ils doivent être aidés autant qu’eux. En préemptant à tour de bras des logements privés pour en faire du logement très social, Delanoë chasse les classes moyennes de Paris et créée un fossé entre les plus aisés et les plus aidés. C’est très clairement un calcul politique notamment dans le 17e et le 15e, qu’il veut faire basculer à gauche, en espérant que les plus précaires - ceux qu’il installe - voteront pour le candidat de gauche lors des prochaines échéances. C'est un pari électoral vicieux et pervers qui pourrait se retourner contre celui ou ceux qui l’ont initié. En utilisant cet artifice, il ne construit pas de logements sociaux, il en finance... Il n’y a pas d’offres nouvelles en matière de logement social, car le logement est existant et occupé... Qui plus est, il entretient un sentiment d’aigreur chez les locataires contraints de faire leurs valises à la fin de leur bail. Delanoë chasse une catégorie de Parisiens au profit d’une autre, c’est l'aberration la plus totale.
A vous entendre, on a l’impression que vous êtes défavorable au logement social....
Bien sûr que non. Nous sommes confrontés au même problème que le maire de Paris sauf que lui ne reçoit personne dans son bureau. Nous recevons des familles en grandes difficultés, même celles qui ont des revenus. Militer pour le maintien des classes moyennes à Paris, c’est aussi une façon d’encourager la mixité sociale. C’est un sujet important, capital et crucial pour le Paris de 2025. A terme, nous allons hériter de poches de grandes difficultés au centre de l’agglomération alors qu’ailleurs, on trouvera le dynamisme, le bien vivre ensemble, l’activité économique. En clair, la politique de Delanoë déstructure le lien social dans la Capitale. Il prétend être pour la mixité mais il fait tout le contraire. Nous devons travailler ce sujet, nous devons en faire prendre conscience à nos administrés.

Etes-vous d’accord avec le maire de Paris quand il propose d’accroître le pouvoir des maires d’arrondissements?
Sur le fond oui mais sur la forme évidemment non. Delanoë propose aujourd’hui plus de responsabilités aux maires sans leur en donner les moyens. Les maires demandent à être associés à la répartition des enveloppes budgétaires à travers un comité d’arrondissement, par exemple, qui ferait une évaluation objective présentée par une commission indépendante. La répartition des moyens en fonctionnement et en investissements ne doit pas se faire dans le secret du bureau de Delanoë. Il donnera plus aux mairies de gauche et moins aux mairies de droite, comme il le fait actuellement. Il faut savoir que Bertrand Delanoë ne reçoit jamais les 20 maires en même temps sauf une fois par an pour la galette (sic)... Les maires envoient des courriers à Delanoë, à Delanoë qui répond quand il en a envie. Nous demandons que ce comité d’arrondissements se réunisse une fois par mois.

Quelle est votre vision du Grand Paris?
Nous attendons avec impatience les conclusions de la commission Balladur. Nous aimerions qu’il n’y ait plus de différence entre le département et la ville de Paris. Cela n'a pas de sens. Contrairement à Delanoë, nous sommes favorables à l’idée de créer une métropole parisienne qui regrouperait par exemple l’ancien département de la Seine en ajoutant Roissy. Personnellement, j’imagine une fusion département/région en matière de gouvernance. Je crois aussi que le bassin parisien ne peut plus se passer d’une façade maritime, avec un port comme Le Havre. Il faut partager différemment les richesses avec la Haute et la Base Normandie pour créer des synergies en terme d’implantation et de création d’entreprises, mais aussi d'économie d’énergie qui sera le grand défi des années à venir. Il faudra également créer sur tout ce Val de Seine un grand réseau de transports en commun et des pôles de compétitivité comme le préconise Nicolas Sarkozy.

Quelle est la position actuelle de la droite parisienne sur les questions sociétales?
La Diagonale ou le groupe Pari Paris nous incitent à faire bouger nos lignes. Nous réfléchissons également à ces questions avec l’UMP et le président de la république.  C’est bien de le faire maintenant et pas seulement cinq mois avant les élections. Mais il ne faut pas être tendance pour être tendance. Nous devons rester cohérent avec nous-mêmes et avec notre famille de pensée. Le droit des votes des immigrés aux élections locales ne peut pas être envisagé sereinement tant que nous n’aurons pas résolu le problème de l'immigration clandestine.

Les “Bobos” sont-ils des électeurs définitivement perdus par la droite?
Nous n’avons pas été assez audibles lors des dernières élections pour cette catégorie de parisiens qui sont empreints d’une vraie forme de solidarité mais qui sont aussi attentifs à leur pouvoir d’achat et à leur patrimoine.

La gauche dirige Paris, Lyon, Lille, Montpellier. Est-ce un hasard ou une coïncidence de retrouver les socialistes à la tête de ces grandes villes?
Cela correspond à la mutation de la société. Nous essayons  de créer une confrérie des groupes d’opposition dans ces villes. On décrypte, on travaille, on apprend. A nous de comprendre ces nouveaux mécanismes et d’agir en conséquence.

Quel est votre position sur la rénovation des Halles?
Nous avons assisté à une réelle catastrophe en matière de communication de proximité. Je ne sais pas si la canopée est la meilleure solution. Jean-François Legaret reste très prudent sur cette question. Surtout, il est affligé de la mauvaise communication de Delanoë, qui se targue d’aimer la proximité et la communication. C’est un dossier explosif par nature car les Halles accueillent des dizaines de millions de visiteurs par an. Nous allons donc le suivre de près.
Les JO de 2012 approchent à grand pas. La défaite de Paris est-elle digérée?
A titre très personnel, pour un sportif qui a vécu les Jeux, pour un acteur du comité d’organisation, cela aurait été une consécration pour moi d’accueillir les JO dans mon pays. Cela reste une vraie blessure. Je n’ai aucun ressentiment contre les Anglais, qui étaient au fond du trou deux ans avant le verdict. Nous étions sur un palier et nous avons manqué de souffle pour conquérir les deux ou trois voix qui nous manquaient alors que Londres n’a cessé Nous avons pêché par le manque d’identification de la candidature à travers un leader, ce qui était le cas de Londres. Paris avait plusieurs porteurs du projet qui travaillaient à quart de temps. J’en porte une partie de la responsabilité. Entre la visite de la commission d’évaluation en mars et la décision à Singapour au mois de juillet, nous nous sommes  enfermés dans la certitude de notre victoire. Ce n’est pas demain la veille que la France accueillera les JO. Je crains même que Paris ne soit pas exacte au rendez-vous de 2024. Il faudra tout repenser, y compris le Stade de France, qui aura vieilli. En ce qui me concerne, j’aurais passé mon tour...

Qu’est-ce que les JO auraient changé pour Paris?
C’est un accélérateur incroyable en matière d’urbanisme, de rénovation, de création qui aide au bien vivre. Le meilleur exemple c’est Barcelone. J’ai lu un très beau reportage sur Barcelone dans un ancien numéro de Clin d’Orgueil. Mais il faut savoir qu’à Barcelone, il y a un avant et un après les JO. Cette ville a changé radicalement. Les JO auraient donné un souffle nouveau à Paris beaucoup plus que Paris Plage et Les nuits blanches.