Courses hippiques : La vision d’Omar Skalli
Septembre. 2019 \\ Par Jérôme Lamy

AVANT DE FERMER LE LIVRE SUR LA PREMIÈRE STRATÉGIE DE LA FILIERE EQUINE, OMAR SKALLI, QUI A FÊTÉ EN MARS SES DIX ANS A LA TÊTE DE LA SOREC, A LE SOURIRE DE CELUI QUI A ACCOMPLI SA MISSION. ET IL NE MANQUE PAS D’AMBITIONS POUR LA SECONDE PHASE (2020-2030) QUI PLACERA LE TOURISME ÉQUESTRE AU CENTRE DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE EN MILIEU RURAL.

Au début, Omar Skalli était un grand dirigeant. A la fin, c’est un grand homme de cheval. Quand il prend, il y a dix ans, en 2009, les rênes de la Société Royale d'Encouragement du Cheval (SOREC), véritable bras armé de l’état sur le monde équin, Omar Skalli avance escorté par la réputation d’un grand serviteur de l’état en puissance. Sa mission est de redonner au cheval, capital culturel et ancestral, la place centrale qu’il mérite dans le Royaume. Il reconnaît lui-même ne pas avoir possédé, aux premières heures de son mandat, une connaissance exhaustive de la filière équine. Il consulte. Il écoute. Il tranche. Loin des habitudes, des accointances, des compromissions, des chapelles, des intérêts particuliers.

Après dix ans de mandat, Omar Skalli est Monsieur Cheval au Maroc. A force de travail, il a acquis une connaissance parfaite d’un monde qui est désormais le sien. «Avec Omar Skalli, la SOREC a en dix ans  fait ce qui n’a jamais été  fait pendant 50 ans» dit M’hamed Karimine, maire de Bouznika et propriétaire d’une des plus puissantes écuries de courses du Maroc. «Omar Skalli est un super manager, un homme de dialogue. Il ferait un très bon ministre. Je rêverais de l’embarquer en politique. Le Maroc a besoin de technocrates comme lui. Un Ministre comme Omar Skalli, ce serait fabuleux pour la politique marocaine.»

Omar Skalli a, chevillé au corps, le souci permanent d’une infinie fidélité aux grandes ambitions et hautes instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui, à l’image de toute la monarchie et du peuple marocain, fait montre d’un attachement indéfectible au cheval. Sa Majesté voue une réelle admiration au cheval et offre une vision inventive et novatrice, à l’image de la création du Salon du Cheval d’El Jadida. «Un accélérateur incroyable pour le développement de la filière équine» confirme Omar Skalli qui ne manque jamais de louer l’aide et la confiance de Cherif Moulay Abdallah Alaoui, le Président de la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres.

Homme de cheval, Omar Skalli est aussi un homme de chiffres. Né à Agadir, en 1974, c’est à Marrakech qu’il a grandi et c’est à Casablanca, au quartier Hermitage, dans le grand Lycée Moulay Abdallah, qu’il a passé son bac scientifique avec des résultats brillants en mathématiques. Son itinéraire scolaire est calqué sur les mutations professionnelles d’un papa banquier qui a donné à son fils le goût des chiffres et la valeur travail. Le bac en poche, Omar prend la route de la Capitale pour suivre deux années de prépa au Lycée Descartes, à Rabat.

A l’évidence, il présente déjà les signes extérieurs d’un futur haut fonctionnaire. Il réussit le concours d’entrée à l’ESSEC, la grande école de commerce de Paris, celle qui forme les leaders économiques, les capitaines d’industrie et façonne celles et ceux qui peuplent les cabinets ministériels du gouvernement français.

C’est également dans la finance que Omar Skalli va étaler son talent naissant. Après trois années à l’ESSEC (1993-1996), il va intégrer le cabinet parisien Arthur Andersen où il devient chef de mission. Il est à peine âgé de 25 ans et compte Alcatel, la SNCF ou la RATP parmi ses clients. Quand il rentre au Maroc, en 2000, il débarque flanqué de l’étiquette d’un grand gestionnaire. En 2001, il rejoint Salafin, société de crédit à la consommation créée par la BMCE, qui lui offre le poste de directeur de développement et une place au directoire.

Le défi est permanent. Ça a toujours été un moteur pour Omar Skalli. Il ne musarde pas en chemin. Et sort rapidement de son chapeau pas moins de huit nouveaux produits dont le crédit à l’attention des fonctionnaires. Son expertise dans le développement, l’organisation et la gestion est louée dans les milieux autorisés. Il n’en fallait pas plus pour attirer le regard et l’appétit des chasseurs de têtes. En mars 2009, Omar Skalli est nommé directeur général de la SOREC. Créée juridiquement, en 2003, la SOREC a absorbé les activités courses et paris, en 2007.

La première étape, c’est de réussir le transfert des haras nationaux du ministère de l’agriculture, l’administration de tutelle, à la SOREC. La première escale a lieu à El Jadida, en octobre 2011. Lors de la quatrième édition du Salon du Cheval, Aziz Akhannouch, Ministre de l'Agriculture et de la Pêche Maritime, prononce un discours fort, un acte fondateur. Il fixe le cap de la première stratégie de la filière équine. «Il n’y a pas de bonne ou mauvaise stratégie, il y a juste une stratégie qui fonctionne» dit Omar Skalli. «En tout cas, la mission est accomplie dans la place du cheval au Maroc, la professionnalisation des courses, la sauvegarde  et le développement du cheval barbe et arabe barbe.»

Omar Skalli n’aime pas perdre de temps avec les bilans. Il préfère évoquer les désirs d’avenir à l’instar du tourisme équestre qui sera le grand thème de la future stratégie de la filière équine pour les années 2020-2030. Rencontre avec un dirigeant dévoué à la chose publique, au service du cheval, cette grande mission dont il a fait une belle passion.

 

 

Cheval du Maroc.- La première phase (2011-2020) de la stratégie de la filière équine arrive bientôt à son terme. On imagine sans peine votre pleine et entière satisfaction...

Omar Skalli.- L’ambition était de redonner au cheval la place qu’il mérite au Royaume en transformant la filière équine en un véritable acteur socio-économique. C’est réussi avec le salon du Cheval. C’est réussi également avec les nouvelles vocations de la race barbe. C’est réussi aussi avec le Morocco Royal Tour créé par la Fédération Royale Marocaine des Sports Equestres. C’est réussi enfin dans le domaine des courses et des épreuves de Tbourida. Nous avons obtenu de tels résultats parce que tous les protagonistes de la filière équine travaillent main dans la main et tirent dans le même sens. C’est suffisamment rare pour être souligné. Et si nous menons cette action commune, c’est parce que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné, en 2007, les instructions de créer le Salon du Cheval. Cette vision royale a été un accélérateur et un catalyseur pour toute la filière équine. La Fédération, l'Association du Salon du Cheval et la SOREC ont affiché une belle complémentarité dans le seul intérêt du cheval au Maroc.

 

 

La sauvegarde de la race barbe est une de vos plus belles réussites...

Nous avons en effet réussi à reformer le cheptel qui était descendu à des niveaux très inquiétants. Nous avons même fermé les stud books. Le nombre de naissances est plus que satisfaisant. Nous avons permis à la race barbe de revenir sur le devant de la scène. La Tbourida reste toujours le plus grand utilisateur de chevaux barbes et arabes barbes. En 2015, seulement 45% des chevaux de tbourida étaient de race barbe. En 2019, 100% des chevaux utilisés pour la tbourida sont des barbes. Beaucoup de personnes doutaient qu’on soit capable d’atteindre cet objectif...

 

 

Pouvez-vous jeter les grandes bases de la future stratégie de la filière équine pour les années 2020-2030?

Le tourisme équestre sera parmi les grands thèmes de la nouvelle stratégie. Ça correspond complètement aux orientations et aux recommandations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Son ambition est de créer des emplois pour les classes moyennes en milieu rural. Les agriculteurs ont la possibilité de créer des gîtes à leur domicile. Nous possédons les chevaux, les produits du terroir, le sens de l’hospitalité. Nous pouvons proposer des expériences inoubliables.

 

Le tourisme équestre, c’est l’avenir pour le monde rural au Maroc...

Le potentiel est incroyable d’autant que le tourisme vert connaît un essor formidable partout dans le monde.

 

L’École des Arts Equestres de Marrakech a animé les spectacles équestres du Game Fair 2019, le plus grand salon de la chasse en France. C’est une jolie récompense...

Vraiment, nous sommes devenus une référence internationale dans le domaine de la voltige. C’est normal car l’acrobatie est dans l’ADN culturel de Marrakech. Nous avons aussi atteint un niveau incontestable en liberté notamment grâce à la mentalité du cheval barbe et arabe barbe. Il faut préciser qu’on essaye de travailler essentiellement avec des juments. Le prochain défi, c’est le dressage haute école. C’est la discipline la plus technique, la plus difficile. Et c’est celle qui permet le mieux de valoriser un cheval. Le champion de dressage olympique Carlos Pinto nous aide à franchir un palier. Il croit au cheval barbe et arabe-barbe comme un cheval haute école. Il l’a déjà fait en Espagne et au Portugal au début des années 2000 avec le «pure race espagnol» et le Lusitanien portugais.

 

On peut donc s’attendre à des surprises pour les spectacles équestres du prochain Salon du Cheval d’El Jadida (15 au 20 Octobre 2019)...

On a déjà hésité à sortir un petit carrousel lors du Salon du Cheval 2017. Mais le dressage haute école prend beaucoup de temps. Cherif Moulay Abdellah Alaoui, Président de la Fédération Royale Marocaine des Sports Equestres, est un homme de cheval. Il l’a compris. Il nous félicite. Il nous encourage. Il nous a dit de prendre notre temps pour que les chevaux soient au top niveau. L’heure est semble-t-il arrivée. Même Carlos Pinto est surpris par la progression des chevaux. Ils ont atteint le niveau souhaité plus rapidement qu’il ne l’espérait. Du coup, nous espérons lancer un carrousel lors du prochain Salon du Cheval d’El Jadida. C’est une révolution. Nous allons changer la perception que les gens ont de la race barbe. Nous lui cherchions une utilisation, un rôle. Nous lui avons trouvé une capacité unique. Nous allons ouvrir un nouveau marché.

 

Les courses ont aussi connu leur révolution...

Nous sommes en phase avec les prévisions. Il était devenu urgent de moderniser le secteur des courses. Il convient de citer la captation des courses qui nous a offert une crédibilité internationale et la création du centre d’entraînement de Bouznika qui connaît un magnifique succès. Le site est merveilleux et autorise un travail de qualité. 245 boxes sont occupés, soit 80% de sa capacité.

 

C’est un authentique changement de mentalité...

C’est une autre manière d’envisager les courses. Il a fallu que les entraîneurs osent prendre des boxes. Et que les propriétaires osent leur confier leurs chevaux. D’ailleurs, j’ai la sensation que les chevaux qui sont au centre d’entraînement sont meilleurs aujourd’hui qu’à leur arrivée. Il convient de parler aussi de l’école des jockeys et de mettre en lumière le travail du formateur David Bouland et le partenariat avec l’OFPTT. Le travail paye toujours. On forme une promotion de 16 apprentis tous les 2 ans. Les meilleurs jockeys sont issus de cette école à l’image de Zineb Brioul, seule femme jockey à s’être imposée dans la course des apprentis, à Chantilly. Ils ont un temps d’avance sur les jockeys qui apprennent sur le tas. Néanmoins, on n’oublie pas les jockeys en activité en leur proposant des cours en formation continue.

 

Quels sont les dossiers prioritaires actuellement dans le domaine des courses?

Nous travaillons au lancement d’une école des entraîneurs,  à Bouskoura. L’idée est d’accompagner les jockeys dans leur reconversion. Toujours pour les jockeys, nous avons mis en place une mutuelle de protection santé. Enfin, nous allons inaugurer notre propre vente aux enchères avec des normes internationales.

 

On comprend mieux pourquoi le Maroc est un des rares pays en croissance dans le domaine des courses...

Le binôme élevage-course est un modèle qui fonctionne. Nous sommes très présents sur le terrain pour mettre le cheval au centre de notre stratégie. A nous de porter la prise de pari à la hauteur du potentiel des courses marocaines

 

Quel bilan tirez vous du Meeting International du Maroc, qui a fêté sa 4e édition en novembre dernier?

Nous  sommes très satisfaits du déroulement de la 4è édition du meeting International du Maroc. L’édition 2018 qui s’est tenue le week-end du 17 et 18 novembre, à l’hippodrome de Casablanca, a connu la participation de 122 chevaux dont 26 étrangers venant de France, UAE, Qatar, Pays-Bas, Pologne, Syrie ou Lybie. Nous avons réussi en quatre ans à créer une communauté de participants internationaux fidèles à ce rendez-vous, ainsi qu’à attirer de nouveaux venus chaque année. Nous pouvons affirmer aujourd’hui que cet évènement a trouvé sa place dans le calendrier mondial des courses hippiques.

 

Le succès incontestable de cet évènement et sa création en 2015 constituent-ils un tournant dans l’histoire des courses marocaines?

Oui, incontestablement. La création d’un rendez-vous annuel regroupant les meilleures courses de l’année et ouvert aux participants internationaux contribue au rayonnement des courses marocaines, à l’international. Le meeting International du Maroc fait partie d’un dispositif global que nous avons mis en place à la SOREC pour faire connaître sur la scène internationale la filière des courses marocaines. Nous sommes actifs tout au long de l’année: sponsoring de courses en France, en Irlande et en Turquie à travers le label Morocco cup by SOREC, représentation du Maroc dans les principales associations et instances de courses hippiques mondiales, organisation à Marrakech d’un autre rendez-vous international annuel l’Abu Dhabi Day et représentation du Maroc dans les rendez-vous hippiques d’envergure.

 

Tous les acteurs de cette épreuve ont loué la qualité et la modernité de l’organisation. Est-ce une de vos priorités?  Quelles ont été les nouveautés de cette édition?

Comme point d’orgue et vitrine d’environ 2500 courses que nous organisons annuellement, nous accordons naturellement un soin particulier à l’organisation de cet événement. L’ensemble des équipes de la SOREC se mobilise annuellement pour offrir aux participants et aux spectateurs la meilleure expérience possible. Cela comprend notamment les aspects techniques (captation et diffusion des courses, qualité de la piste et des infrastructures techniques) et évènementiels (accueil du grand Public et des participants, aménagement et animation de l’hippodrome...). Sur le plan des nouveautés, le programme du Meeting International du Maroc, notamment la journée internationale du pur-sang Anglais, s’est enrichi cette année par l’intégration du Grand Prix de la SOREC au circuit international du Défi du galop. La SOREC a également mis à disposition des participants venant d’Europe un avion pour transporter leurs chevaux alors que le transport terrestre était uniquement privilégié jusque-là.

 

Le Grand Prix de la SOREC a intégré cette année le circuit international Défi du galop. On imagine votre joie d’organiser la seule étape hors des frontières européennes…

Nous sommes en effet très fiers que le Maroc intègre ce circuit prestigieux, qui représente une avancée de plus dans le rayonnement des courses marocaines à l’international et qui offre une belle visibilité au Meeting International du Maroc. Nous entretenons depuis plusieurs années d’étroites relations de partage et de confiance avec les acteurs de la filière hippique française et notamment les sociétés des courses hippiques, qui ont créé ce prestigieux label il y a plus de dix ans. Le Maroc est depuis 2018 le cinquième pays à accueillir des courses de ce tournoi aux côtés de la France, l’Allemagne, l’Espagne et la Suisse.

 

La SOREC a mené de nombreux chantiers relatifs aux infrastructures hippiques ces dernières années. Le dernier en date est celui de la construction de l’hippodrome de Marrakech...

Offrir à la filière équine les infrastructures d’excellence dont elle a besoin fait partie des priorités de la SOREC. L’hippodrome de Marrakech a été construit et mis en service en 2017 et incarne la dernière génération d’hippodromes du pays. Des courses hebdomadaires s’y déroulent et il accueille également chaque année une journée de courses internationales, l’Abu Dabi Day. Il convient de préciser que le lancement de cet hippodrome se justifiait parce qu’il y a des éleveurs très actifs dans la Ville Ocre, certainement pas parce qu’il y a des touristes à Marrakech. Sinon, nous ne l’aurions pas fait. Un hippodrome représente un lourd investissement et ne fonctionne qu’une fois par semaine.

 

L’hippodrome de Marrakech a-t-il vocation à devenir un hippodrome de meeting comme peuvent l’être ceux de Cagnes et Deauville en France?

Certains ont espéré attirer des propriétaires français en hiver pour des sessions d’entraînement et des meetings. Mais ça coûte très cher de ramener un cheval de France au Maroc et d’installer un entraîneur. Il se poserait aussi le problème des allocations. Qui paierait? Est-ce qu’on adapterait les allocations au marché européen? Forcément, il faudrait une carotte pour avancer... N’empêche, pour être honnête, je dois reconnaître que nous n’avons reçu aucune demande... Le business modèle n’est pas le bon. Concentrons toute notre énergie à créer un dynamisme autour des chevaux marocains... Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas dogmatiques. Nous sommes pragmatiques. Si le besoin se présentait un jour, nous saurons y répondre...

 

Avez-vous d’autres projets d’hippodromes?

A plus long terme, nous commençons à réfléchir à la dernière région que nous n’avons pas encore travaillée en termes de rénovation des infrastructures hippiques, à savoir Oujda. L’hippodrome le plus proche est à 250 kilomètres d’Oujda. C’est une distance souvent rédhibitoire.

 

La création d’un hippodrome à Oujda ne manquera pas de développer l’activité équine...

Incontestablement, les hippodromes de Khemisset et Marrakech ont motivé les éleveurs et les propriétaires locaux. Mais il faut signaler que les  éleveurs et les propriétaires de la région d’Oujda ont fait beaucoup d’efforts, même sans hippodrome. Ils ont suivi l’impulsion nationale et la montée en qualité liée au programme d’importation de semences congelées pour le pur-sang arabe, la mise à disposition d’étalons et les primes de naissance. Et ce ruissellement impacte tous les éleveurs, même les plus petits.

 

Rabat a vocation à abriter un hippodrome digne du rayonnement de la Capitale...

Nous avons comme ambition de faire de l’hippodrome de Rabat la vitrine de la filière et de doter la capitale du pays d’un hippodrome moderne et accueillant.

 

Le sol du nouvel hippodrome de Rabat sera-t-il en gazon ou en sable?

Il est impossible de posséder un seul hippodrome en gazon. C’est très beau esthétiquement mais le travail des chevaux est différent sur le sable et sur le gazon. Le sol du futur hippodrome de Rabat sera donc en sable. En revanche, nous réfléchissons à la fibre pour sa faible consommation en eau. Encore faudra-t-il que le coût soit cohérent, maîtrisé et que nous soyons certains de la qualité. Nous avons à l’esprit certaines déconvenues des sols en fibre aux Emirats et en Turquie.

 

Quel regard portez-vous sur le travail des éleveurs?

Les éleveurs ont cru à notre stratégie, à nos orientations. C’est, à nos yeux, une information capitale. Nous sommes extrêmement fiers de leur investissement qui prouve, si besoin était, le bien fondé de l’aide que nous leur portons. En effet, nous redistribuons 50% de nos gains. Et nous ne le regrettons pas. Car, pour 1 dirham reçu, les éleveurs mettent 1 dirham de leur poche. Ils investissent dans l’achat de chevaux, dans la génétique, dans la création de centres d’élevage. Le Meeting International du Maroc qui se déroule chaque année, en novembre, est un bon indicateur. Les étrangers, qui participent, ne cessent de louer les progrès  des écuries marocaines, d’une année sur l’autre. Nous avons progressé dans l’alimentation, l’entretien des chevaux, les techniques d’entraînement, le débourrage, la génétique...

 

De plus en plus de propriétaires s’illustrent à l’étranger...

Sherif El Alami, Azzedine Sedrati et M’hamed Karimine ont osé. Je les encourage. Et je les félicite. Les déplacements, l’entraîneur sur place, ça coûte cher sans garantie de gains. Ces propriétaires ont su prendre des risques. Ce  sont des exemples. Aawam de Grine, né et élévé au Maroc, a même failli offrir à l’écurie Karimine  un succès en Espagne, à Madrid,  comme éleveur, au printemps dernier. A l’avenir, d’autres écuries prestigieuses ont aussi le potentiel pour courir à l’étranger... Si des chevaux nés au?Maroc obtiennent des bons résultats à l’étranger, ça ouvrira forcément un nouveau marché européen de chevaux de qualité à l’exportation. Déjà, des Emiratis et des Tunisiens investissent dans les chevaux marocains.