Big Manager: Kamran Rahimian, Monsieur influence
Août. 2021 \\ Par Jérôme Lamy

En lançant Big manager, plateforme technologique innovante de mise en relation entre les marques et les célébrités, l’homme d’affaires Kamran Rahimian déclenche une révolution dans le marché de l’influence. Portrait d’un personnage de l’ombre et de réseaux.

Il possède des épaules de déménageurs et des cheveux de jais attachés façon Antonio Banderas dans Zorro. Son look est plus travaillé qu’il n’y paraît. Il ne porte que du noir et a définitivement rangé les chemises au fond d’un placard. Mais qu’on ne s’y trompe pas: Kamran Rahimian (39 ans) est un homme de l’ombre, un homme de réseaux au carnet d’adresses aussi épais que le bottin. Lors de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, il a participé à l’organisation de la soirée célébrant la victoire Président. Aujourd’hui, il bascule dans un challenge majuscule: organiser et réglementer le business de l’influence avec Big manager, sa plateforme innovante, une véritable machine de guerre du monde digital.

 

De toutes façons, sa vie est un défi. Kam, - c’est ainsi qu’on le surnomme -, pose les pieds à Paris, à l’âge de 8 ans, comme réfugié politique de la République Islamique d’Iran où il est né. Le papa est militaire, la maman artiste peintre. La famille s’installe dans une jolie rue à l’ombre des platanes du Parc Monceau dans le 17e arrondissement de Paris. Mais les économies fondent comme neige au soleil. A 46 ans, le papa reprend les études. Il est doué en mathématiques. Comme son fils. Vigile la nuit au musée du Grand Palais, il suit le jour des cours d’informatique. Et en fera son nouveau métier.

Avec semblable référence paternelle, Kam ne pouvait musarder en chemin. Sa notion du temps est celle d’un homme épris de liberté et assoiffé de connaissances. Il apprend tout: la sculpture, le piano, le dessin. Surtout, il apprivoise les techniques sans aucune assistance « Etre autodidacte, c’est la définition de ma vie, le sens de mon existence » confie-t-il. A 16 ans, il collabore avec la société Bibo, un fournisseur de Disney, sur les animations traditionnelles du dessin animé Lascars.

 

Les études sont son dernier souci. La majorité à peine sonnée, il s’envole pour Melbourne visiter la famille en Australe. Il restera en un an au contact d’une forte communauté iranienne. Il ouvre son esprit, son appétit et ses ambitions. A son retour en France, il s’inscrit en licence design. « C’était surtout pour faire plaisir à mes parents » dit-il. Trois ans plus tard, diplôme et… mariage en poche, il vit une première expérience décevante dans une agence de communication.

Il ne se décourage pas. Son heure va bientôt sonner. C’est Fati, son épouse, qui lui donne le bon filon : Endemol, le groupe de production télévisuelle dirigé par Arthur et Stéphane Courbit, recherche des créatifs ! « Je suis venu à l’entretien bardé de concepts » explique Kam. « En fait, je les ai harcelés avec tous mes projets. »

Bonne pioche: le fonceur force les portes de ce géant de l’industrie du divertissement. Cette expérience est une franche réussite: Il réalise même des pilotes qu’il produit. C’est un tremplin dans sa vie professionnelle. « J’ai été à bonne école » confie Kam. « C’est aussi à cette époque que j’ai commencé à me faire un carnet d’adresses de personnalités. »

Le départ des pères fondateurs d’Endemol courbe le destin de Kam qui tente l’aventure France Télévision cornaqué alors par Patrick de Carolis « Un échec » coupe-t-il. « Je devais dénicher les talents de demain, repérer les nouvelles tendances. Mais c’était difficile pour les jeunes de trouver leur place. »

L’expérience s’étirera sur quatre… longs mois. Kam devient prestateur de services et fournisseur de contenus pour des boîtes de prod’ comme Coyotte cher à Christophe Dechavanne. Il monte sa première entreprise, spécialisée dans les effets spéciaux. Et conçoit une cinquantaine de clips vidéo et des spots TV. Il travaille aussi sur l’habillage de BFM TV. Surtout, ce précurseur fait montre d’innovation: il est un des premiers à utiliser des caméras numériques RED pour la réalisation de clips. « J’ai toujours eu un goût pour les technologies innovantes » confirme-t-il. Pour répondre à la demande, il monte une société de conseils pour accompagner les start-up dans la définition de leur stratégie transversale. Il se lance aussi dans le booking d’artistes, de célébrités et de décideurs qu’il met en relation avec des marques pour doper leur notoriété.

Voilà comment est née Big manager, magnifique plateforme technologique de mise en relation entre les marques et les célébrités. « J’ai réuni autour de la table deux immenses références: Eric Leandri, fondateur du moteur de recherche Qwant, un des plus grands spécialistes du digital à l’échelle mondiale et Nordine Mani, producteur et manager des plus grandes stars internationales » explique Kam. « Big manager est un outil technologique, pas un concurrent aux agences traditionnelles. Nous offrons une solution à toutes les agences et tous les agents qui prendront chez nous ce qu’ils ont envie de consommer.  L’ambition c’est d’automatiser ce marché, de l’ubériser. Au départ, le projet était dédié aux célébrités. Forcément, on l’a ouvert aux influenceurs qui ont généralement plus de notoriété digitale que les artistes ou les sportifs. Ils convient aussi de préciser que les influenceurs ne sont pas seulement des anciennes stars de télé-réalité qui vivent à Dubaï. Le plus grand influenceur de la planète, c’est Elon Musk ! »

Exister sur les réseaux sociaux est le défi majeur des marques et des entreprises quelque soit leur taille. Force est de constater la difficulté de la tâche sans les antennes relais des influenceurs. « Avec Big manager, chaque entreprise, aussi petite soit-elle pourra travailler avec un influenceur » promet Kam. « En enlevant les intermédiaires, nous allons rendre l’offre plus accessible et redonner le pouvoir aux clients. Le marché est trop opaque. Il est important de lui offrir un cadre réglementé. Il est urgent de le professionnaliser avec nos codes et nos contrats sous peine d’une mort certaine. Chaque deal passé sur Big manager générera une liasse fiscale et un reporting qui permettra aux marques de mesurer les retombées de leur partenariat. Cela paraît évident. Mais cela n’existait pas jusqu’à présent. Nous établirons aussi une grille de salaire qui sera une sorte de convention collective de l’influence. Ça sera la fin des rémunérations au doigt mouillé ! »

Finie aussi la méfiance autour des influenceurs, de leur probité. Big manager place l’éthique au centre de son écosystème. « Chez Big manager, on parle du tiers de confiance » précise Kam. « Nous n’accepterons aucun influenceur qui a déjà fait la promotion de produits de contrefaçon. Nous lutterons aussi contre le Dropshipping, ce commerce virtuel dans lequel le vendeur ne possède pas de stock. Nous nous assurerons que nos influenceurs, décideurs, sportifs et autres artistes véhiculent les mêmes valeurs que nous. »

En tout cas, l’accès à Big manager sera entièrement gratuit: pas d’abonnement, seulement une commission de 20% sur chaque contrat encaissée par la plateforme. « On vérifiera seulement que les entreprises qui nous sollicitent sont des entreprises saines » assure Kam. Pour les influenceurs, une communauté minimale de 1000 followers sera nécessaire pour participer à l’aventure BM. « Notre fierté, ce sera de proposer aussi bien des vedettes internationales comme Rihanna ou Snoop Dogg que des influenceurs locaux plus ciblés et adaptés à nos petits clients. D’ailleurs, notre algorithme proposera aux marques des influenceurs référencés à l’aune de leur centre d’intérêts et de celui de leur communauté ainsi que de leur géolocalisation. »

Enfin, cerise sur le gâteau, le corner des influenceurs s’annonce comme la pépite de Big manager. Dans cet espace, les internautes retrouveront tous les bons plans proposés par les influenceurs et les produits commercialisés par ces derniers. Peu d’influenceurs possèdent en effet des sites marchands… C’est également dans le corner des influenceurs que seront sauvegardées les stories afférentes aux deals.

Au fond, Big manager, c’est la bonne idée au bon moment avec les bonnes personnes. D’autant que la pandémie de la Covid 19  a modifié les habitudes des Français. « On a assisté à une accélération de trois à cinq ans dans la montée en puissance des plateformes de streaming et dans l’utilisation des réseaux » assure Kam. « Qui connaissait le QR code il y an? La France va rattraper son retard. Mais il y a encore du chemin à parcourir. Au Moyen-Orient, par exemple, certaines influenceuses ont plus de pouvoir que les décideurs politiques et pourraient initier des révolutions ! »

Chez Big manager, on se contentera de révolutionner le marché de l’influence.